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Histoire : Quand le Maroc a failli se transformer en royaume des Taïfas [2/5]
Publié dans Yabiladi le 24 - 07 - 2018

Dans cette série bimensuelle, Yabiladi revient sur une période délicate de l'histoire du royaume où plusieurs parties du Maroc, sous les Saadiens, étaient contrôlées par des entités différentes. Dans cette deuxième partie, l'histoire de la Zaouia d'Illigh.
Avant l'avènement des Alaouites vers 1631, le Maroc sous les Saadiens était divisé en plusieurs zones d'influences. Des Etats contrôlés notamment par deux puissantes zaouias berbères : Celle de Dila, au centre, et celle des Illighs au sud. Quelque part dans l'ouest, la République de Salé était arrivée à son apogée, au moment où les sultans saadiens ne contrôlaient que Marrakech et une partie du Nord, vers Tanger. Même Tétouan était alors gouvernée par la puissante famille des Naqsis. Pour retracer cette histoire dans laquelle le Maroc avait failli se transformer en une deuxième Andalousie à l'époque des royaumes des Taïfas, un retour au XVIIè siècle s'impose.
Une dynastie au cœur du Souss
C'est à environs 50 Km de Tiznit que Sidi Ahmed ou Moussa Semlali, chef spirituel de la Zaouia d'Illigh construira, au XVème siècle sa Maison. Il est «né en 1460 à Bou Marwan des Ida U Semlal (Samlal), tribu de l'Anti Atlas [et] sa famille serait originaire des Beni Arous du Djebel Alam dans la péninsule Tingitane qui vénèrent le pôle majeur du soufisme marocain Moulay Abdeslam b. Masis (décédé en 1228)», rapporte le sociologue Paul Pascon, dans son ouvrage «La Maison d'Iligh - Le Royaume du Tazeroualt» (Editions Semer, 1984).
«Avant son arrivée, le Tazeroualt n'était pas mystiquement vide. Il s'oppose au moins à trois forts compétiteurs : Sidi Slimane près de Tiouanaman, Sidi Yahya ou Idder à Tumanar, et un énigmatique Abidar (le boiteux) sur le site même de l'actuelle zaouïa.»
Paul Pascon
Sidi Ahmed ou Moussa construit alors la base d'une dynastie qui concurrencera même l'Etat saadien, mais il meurt en 1564. Et ses fidèles honorent sa mémoire, en multipliant les dons à destination de ses héritiers. Sur ce point, Paul Pascon, ayant analysé les registres des échanges commerciaux appelés Kounnach, affirme que les fils et le petit-fils de Sidi Ahmed ou Moussa, tous les deux prénommés M'Hammed, «ont reçu en don une dizaine d'hectares et en ont acheté une autre dizaine». «Quand l'arrière petit-fils Ali (Sidi Ali Bou Dmia, alias Abou Hassoun, ndlr) accède à la souveraineté en 1613 à la mort de son frère Ibrahim (décédé sans héritiers), ils avaient tous deux en indivis une centaine d'hectares [et] à partir de 1616, Ali achète à tour de bras [et] réuni un millier d'hectares irrigués en une quinzaine d'années», poursuit celui qu'on qualifie de «père de la sociologie» au Maroc.
Etat de morcellement du Maroc après l'assassinat du dernier sultan saadien. / Ph. DR
Sidi Ali Bou Dmia alias Abou Hassoun réussit donc une extraordinaire expansion économique et lorsqu'il meurt en 1659, il laisse derrière lui un «petit empire qui va du Draa à la mer, de l'Atlas à l'Oued Noun et largement ouvert sur le Sahara».
Un pouvoir politico-économique
Dans la revue «Agadir e il Grande Sud» (Editions Casa Editrice Bonechi, 1997), Mohamed Temsamani raconte que «dès la première décennie du XVIIè siècle, [la Zaouia d'Illigh entreprend le contrôle des routes sahariennes et du trafic caravanier». Transformée en capitale de la Zaouia, la ville «apparait alors comme le principal centre de l'organisation des routes commerciales qui venant d'Afrique Noire, touche les ports marocains avant d'atteindre l'Europe». C'est durant cette même période que la ville d'Agadir est transformée en «un centre dynamique qui accueille les commerçants européens et leurs marchandises».
Le village d'Illigh, dans la province de Tiznit. / Ph. visitagadir.com
«Les commerçants danois, espagnols, hollandais et anglais se présentent aux maîtres d'Illigh pour placer leurs produits. Ce commerce est extrêmement diversifié et concerne les productions locales et les marchandises de Guinée que les caravanes entreposent dans les maisons de commerce du Sous. Les registres (Kounnachs, ndlr) qui énumèrent ces échanges témoignent de l'importante richesse contrôlée par la Zaouia du Souss.»
Mohamed Temsamani
Mais pour asseoir l'influence économique sur une région assez large, les dirigeants de la Maison d'Illigh profiteront de la faiblesse du Makhzen central à Marrakech pour former une dynastie complètement indépendante des Saadiens. C'est le cas de Bouhassoun qui, dès son arrivée au pouvoir, dirigeait les négociations avec les Européens. «Ayant fait d'Illigh un centre de rayonnement spirituel et de foires prospères, Bou Hassoun dirige, en personne, à Agadir, des relations commerciales fructueuses avec les Anglais et les Hollandais, en leur consentant des conditions avantageuses pour les détourner de Salé (cœur de royaume des corsaires, ndlr) et Safi (Port sous contrôle de la Zaouia de Dila, ndlr)», raconte Younès Nékrouf dans «Moulay Ismaïl et Louis XIV» (Editions Albin Michel, 1987).
Portrait de Moulay Ali Cherif. / Ph. Zamane
L'expulsion des Morisques d'Espagne au 17e siècle, prélude de la République de Salé
Un volte-face des Alaouites ?
Parallèlement, au nord-est du Souss, c'est un changement de taille au sein des ksours du Tafilalet qui changera la donne à jamais. Avec la proclamation de Moulay Ali Cherif, en en 1631, comme émir de Tafilalet, le ksar de Tabouasamt déclare la guerre à la maison des Alaouites et fait appel à l'influente Zaouia de Dila. En réaction, les Chorfas alaouites s'allient à Abou Hassoun Semlali, chef de la Zaouia d'Illigh. La suite dépendra de deux versions de l'histoire.
La première est rapportée par M'Hamed Ahda dans un article intitulé «Zawiyas de Dila et Semlali : tendances autonomistes au Tafilalt». On y raconte qu'une fois arrivé au Tafilalet pour secourir ses alliés, «Abou Hassoun s'installe dans l'oasis et refuse de la quitter en laissant sur place son représentant qui y construit une kasbah afin consolider son pouvoir dans la région».
La deuxième est racontée par Mustapha Sehimi dans «La Grande encyclopédie du Maroc, volume 8» (Editions GEM, 1987) comment «Bou Hassoun, chef de la Zaouia d'Illigh, intervient aux côtés de Moulay Cherif et rétablit alors à son profit l'autorité sur la cité (du Tafilalet, ndlr).
Le village d'Illigh. / Ph. Visitagadir.com
En 1634, les Dilaites interviendront militairement contre les Alaouites, tout comme la Zaouia d'Illigh qui, selon M'Hamed Ahda, affrontera les Chorafas à deux reprises. «En 1638, il (Abou Hassoun, ndlr) vainc Moulay Ali Cherif, qu'il met en prison» puis contre Moulay M'Hammed de la maison des alaouites, deux ans plus tard. «Au milieu des années 1660, Moulay Rachid, frère de Moulay M'hammed, met fin au pouvoir de ce dernier et devient le véritable fondateur de la dynastie alaouite en parvenant à franchir la barrière de l'Atlas et à s'emparer de Fès puis du Nord du Maroc en 1666», poursuit M'Hamed Ahda.
Quand le Maroc avait failli de se transformer en royaume des Taïfas : La Zaouia de Dila
Ce dernier rapporte aussi que tout comme «la Zawiya de Dila [qui] succombe sous ses coups à la fin du XVIIe siècle», viendra ensuite le tour de la Zaouia de Tazeroualt. En effet, dès sa conquête de Marrakech, Moulay Rachid se dirigera vers Tazeroualt pour mettre fin à l'influence de la Maison d'Illigh. «Il disperse les héritiers d'Ali au Sahara, laissant les habitants des lieux se distribuer les terres accumulées par la dynastie», rapporte Paul Pascon.
Ce dernier, en visite à Illigh plusieurs siècles plus tard, décrit un «château mort au bord du Sahara, qui méditait sur les fastes passés d'un emporium déchu et qui discutait avec philosophie et sagesse d'événements qui se déroulaient si loin, si en dehors d'eux…»
Les fils d'Abou Hassoun tenteront, en 1695, un retour timide dans l'ancienne capitale de Tazeroualt. Un certain Hachem Ben Ali Ben Yahya Ben Ali Bou Dmia tentera à nouveau de reconstituer son capital matériel. Mais les expéditions Hassan Ier en 1882 et en 1886, ramènent la Maison d'Iligh sous l'autorité du Makhzen, avant qu'un autre héritier de Sidi Ahmed ou Moussa Semlali ne soit nommé comme caïd.


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