Le «Fondouk Américain» est une clinique dédiée aux animaux malades de la ville de Fès. Elle a été construite en 1929, suite à un voyage dans le royaume de touristes américains qui ont remarqué la manière dont étaient traités les animaux. «Fondouk Américain» ou «Americain Fondouk» en anglais est né suite à un voyage en Afrique du Nord. En 1926, la New-yorkaise Bessie Dean Cooper a voyagé à travers le Maroc, l'Algérie et la Tunisie. «Comme de nombreux autres touristes, Cooper et ses amis ont sillonné l'Afrique du Nord», écrit Janet M. Davis dans son livre «The Gospel of Kindness. Animal Welfare and the Making of Modern America» (2016, Oxford University Press). Le périple au Maroc a complètement changé la vie de la jeune femme qui a longuement écrit des lettres à ce sujet lorsqu'elle est retournée chez elle. Elle a exprimé son inquiétude quant à la manière dont les animaux étaient traités dans les villes du royaume. «Aucun animal là-bas ne peut être considéré comme heureux. Les chiens sont particulièrement maltraités, les équidés - chevaux, mules, chameaux et surtout les ânes - sont probablement les plus malheureux … J'en ai vu plusieurs avec des plaies emplies de vers», écrit Bessie Dean Cooper dans une de ses lettres. Un an plus tard, Cooper et ses amis se sont motivés pour entrer en action. Le groupe a intégré la société Massachusetts pour la protection des animaux (MSPCA), dont le siège se trouve à Boston. Ils avaient pour objectif de construire un refuge à Fès. Une donatrice américaine a fait part d'une très grande générosité en injectant 800 000 dollars pour construire l'hôpital. Le «Fondouk» (hôtel en arabe) a alors été construit à Fès pour héberger des animaux dans le besoin gratuitement, pour donner des soins vétérinaires aux chevaux, mules et ânes. «Bessie Dean Cooper a été nommée secrétaire de la trésorerie, tandis que le révérend Francis Rowley, président de MSPCA est devenu le premier président du Fondouk dès lors qu'il est devenu opérationel en 1929», se remémore Janet M. Davis. Résistance de la part des Fassis Le Fondouk Américain était le premier du genre au royaume et à Fès en particulier où les locaux comptent beaucoup sur leurs animaux pour le transport de marchandises. En réalité, ils ont refusé l'idée d'avoir un refuge américain pour leurs animaux. Janet M. Davis y fait référence dans son ouvrage, citant des responsables de MSPCA qui ont déclaré que les natifs de Fès «ont vu l'hôpital comme une menace à leur style de vie. Si un animal est patient là-bas, il ne pourrait pas être en train de travailler.» Une information confirmée quand le pacha de Fès et le gouvernement colonial français «a imposé de nouvelles lois anti-cruauté». Ces derniers ont ordonné à la police municipale de transférer les animaux blessés au Fondouk Américain pour être soignés. Toutefois, le Fondouk n'était pas seulement un établissement pour soigner les animaux blessés, mais également un symbole des bonnes relations maroco-américaines. Lors des années 50, quand le Maroc a pris son indépendance du protectorat français, le premier ambassadeur américain dans le royaume Cavendish W. Cannon a rendu hommage au bénévolat américain en Afrique du Nord, citant comme exemple le Fondouk Américain. «Nous sommes fiers de voir notre drapeau flotter [dans cet établissement], et on se réjouit de l'excellente réputation de cette institution et l'affection qui entoure le management de ce lieu par les personnes de la région», déclarait Cavendish Cannon dans un de ses discours. Il a déclaré par ailleurs que le Fondouk était «une contribution très importante dans le travail du gouvernement américain et du peuple à promouvoir les intérêts des Etats-Unis au Maroc.» Le Fondouk américain est toujours en activité. / Ph. DR La clinique vétérinaire est toujours en activité et a survécu 89 ans, complètement dédiée à la mission qu'on fixé ses fondateurs dès le premier jour. Selon le site du Fondouk, l'établissement à Fès dispose de «deux vétérinaires à plein temps, d'un forgeron et de huit autres employés.» Un laboratoire est également disponible pour des diagnostics et un petit établissement chirurgical pour des procédures chirurgicales de routine, écrit la même source.