A l'instar du cabinet Benkirane, le gouvernement El Othmani continue de nier l'existence de relations économiques et politiques avec Israël. Les faits recensés sur le terrain apportent néanmoins un autre son de cloche. Le gouvernement El Othmani dément à nouveau toute relation avec Israël. Cette position a été réitérée hier par le ministre des Relations avec le Parlement et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, à l'occasion d'un point de presse. Le responsable répond ainsi à des révélations israéliennes faisant état de contacts «plus actifs» avec le royaume dans «presque tous les domaines», par rapport aux autres pays arabes de la région, y compris l'Egypte et la Jordanie, entretenant elles aussi des relations diplomatiques avec l'Etat hébreu. Les échanges commerciaux entre les deux pays corroborent également cette embellie. En 2015, ils avaient réalisé un bond de 145%, passant de 13,2 millions de dollars en 2014 à 33 millions de dollars. Cette année, les exportations de Tel-Aviv vers Rabat ont atteint 22 millions de dollars, d'après le Centre israélien des statistiques. La culture et le tourisme sont d'autres indicateurs attestant de la vitalité des relations entre le royaume et Israël. Des faits qui contredisent la version gouvernementale Le royaume est très prisé par les Israéliens d'origine marocaine. Ils s'y rendent pour honorer leurs saints à l'occasion de «Hiloula», comme Rabbi Haîm Pinto à Essaouira ou Rabbin David Benbaroukh Cohen Azogh, enterré dans la commune d'«Aghzo N'Bahamou», à environ 40 km au sud de Taroudant. Les arrivées de ces touristes d'un genre particulier mobilisent au plus haut niveau les autorités marocaines. Outre le renforcement des mesures sécuritaires sur les lieux des commémorations, les représentants du ministère de l'Intérieur assistent, avec djellabas blanches et tarbouches rouges, aux cérémonies religieuses. Des estimations avancent le chiffre de 30 000 Israéliens ayant visité le Maroc en 2017. Une tendance qui pourrait évoluer dans les prochaines années. Et pour cause, le royaume a entrepris ces dernières années une opération de restauration des lieux de la mémoire juive, des synagogues et des cimetières. En janvier 2017, le roi Mohammed VI avait donné ses instructions pour rebaptiser en leur nom d'origine juive les ruelles et places du quartier Essalam, ex-Hay El Mellah à Marrakech, que le maire de la ville ocre, étiqueté PJD, avait changées par des noms arabes. Une année auparavant, les Archives du Maroc et le Mémorial de la Shoah de Paris s'étaient engagés à coopérer pour la restauration de la mémoire juive au Maroc. Autant d'initiatives à même d'encourager les Israéliens d'origine marocaine à visiter le royaume. La position du gouvernement niant toute relation avec Israël n'est pas sans rappeler celle défendue par le cabinet Benkirane. En 2014 pourtant, les députés du PJD avaient voté contre une proposition interdisant l'établissement d'échanges commerciaux avec Tel-Aviv.