Alors que le boycott des produits de trois entreprises nationales clôturera, le 20 juillet, son troisième mois, un appel lancé par plusieurs intellectuels sur les réseaux sociaux, appelant à accorder dix semaines à Centrale Danone, est au cœur de la polémique. Plusieurs internautes ont été surpris de voir, mercredi sur Facebook, un appel lancé par plusieurs personnalités marocaines qui s'adressent aux Marocains. Le document ayant circulé, tout comme la liste des signataires, en ont surpris plus d'un. Dans le premier, on exhorte les citoyens à interrompre le boycott lancé, le 20 avril, contre le lait frais pasteurisé commercialisé par Centrale Danone. L'appel demande aussi d'accorder «dix semaines» à la filiale marocaine du groupe français Danone pour concrétiser les promesses du PDG de sa société-mère. Le document estime aussi que les Marocains ont confirmé que le boycott est «une arme efficace pour faire entendre la voix du peuple et unir autour de la position des consommateurs contre le capitalisme qui ne prend en compte ni les lois ni l'environnement social dans lequel il évolue». Les signataires expliquent ensuite que leur démarche intervient après «l'initiative de l'entreprise laitière concernée par le boycott». «Une initiative annoncée suite au déplacement au Maroc du PDG du groupe auquel l'entreprise marocaine appartient», poursuit le document relayé sur Facebook. Les signataires appellent ainsi à une rupture du boycott de Centrale Danone, «du samedi 7 juillet au vendredi 14 septembre 2018». Le 26 juin dernier, Emmanuel Faber, président-directeur général de la multinationale Danone, s'est rendu au Maroc pour rencontrer des familles et organiser une conférence de presse à Casablanca. Une occasion où il avait promis «du lait frais pasteurisé vendu au prix coûtant, de la transparence et de la réactivité vis-à-vis des questions des consommateurs». Des promesses qui ne semblent pas convaincre les Marocains qui semblent vouloir des actions concrètes de la part de l'entreprise. Mais pour les signataires de l'appel, «le boycott est une arme qui peut-être utilisé en cas de besoin et il faut donc la préserver et renforcer la confiance des citoyennes et des citoyens quant à son efficacité». L'appel et les signataires au cœur d'une polémique Même si on ignore les raisons derrière cet appel tout comme les intentions de ses signataires, la polémique a enflé sur les réseaux sociaux, à commencer d'abord par ceux qui ont exprimé leur désaccord avec la démarche entreprise. Certains ont même affirmé qu'ils continueront à boycotter les produits des trois entreprises marocaines et à ne pas prendre en compte cet appel. La multiplication des réactions a même obligé certains signataires à publier des posts où ils expliquent les raisons les ayant poussé à signer un tel manifeste, à l'instar de Latifa EL Bouhsini. L'écrivaine et activiste féministe a expliqué que sa démarche intervient en réponse à une demande émanant de certains camarades qu'elle respecte et auxquels elle fait confiance. «Si cet appel a échoué mais qu'il a quand même permis de remettre sur la table le sujet du boycott, alors personnellement je trouve qu'il a réussi la chose la plus importante», écrit-elle. Pour sa part, le journaliste Sami Elmoudni s'est dit «surpris des commentaires émanant de collègues et d'amis». «En réactions à ce qui a été dit, j'annonce le retrait de ma signature de l'appel» à une rupture provisoire visant Centrale Danone, écrit-il. De son côté, le journaliste et rédacteur en chef du quotidien arabophone Akhbar Alyaoum a indiqué que Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié, aurait «demandé à Karim Tazi et Mohamed Hafid, en tant que membres de son parti, de retirer leurs signatures». Il a également informé que la coordinatrice nationale de la Fédération de la gauche démocratique (FGD) ainsi que Omar Balafrej, député de la FGD, ont tout les deux refusé de signer l'appel à la rupture du boycott de l'ancienne Centrale Laitière.