Le royaume doit réfléchir aux moyens d'empêcher les migrants d'entrer au Maroc plutôt que de les contraindre dans leur route migratoire vers l'Europe, a déclaré Khalid Zerouali, le directeur de l'immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, dans un entretien à l'agence Associated Press. Khalid Zerouali, le directeur de l'immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur, s'est montré plus que sceptique sur la proposition des dirigeants européens de mettre en place des «plateformes de débarquement régionales» en Afrique du Nord. Dans un entretien à l'agence Associated Press, le responsable indique que le royaume «n'est pas intéressé» à l'idée d'accueillir ces centres de traitement des demandes d'asile des migrants. «Ce n'est pas une solution», soutient-il. Selon lui, ces structures n'empêcheront pas les candidats à l'immigration clandestine d'entrer au Maroc. Khalid Zerouali plaide en revanche en faveur d'une aide financière de l'Union européenne pour renforcer la sécurité au niveau des frontières, estimant qu'elle serait plus utile. Pour rappel, le royaume a opposé, jeudi 28 juin, une fin de non-recevoir à la proposition du Conseil de l'Europe d'installer des centres de rétention dans certains pays du Maghreb. «Le Maroc rejette et a toujours rejeté ces méthodes de gestion des flux migratoires», a déclaré le ministre des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita, lors d'un entretien à Rabat avec son homologue espagnol, Josep Borrell. «Garde-côte» de l'Europe «Au regard de ce qu'il se passe en Libye et plus généralement en Afrique, on observe des facteurs repoussoirs sur le continent africain et des facteurs attractifs pour l'Europe», ajoute Khalid Zerouali, soulignant que «le Maroc subit actuellement une forte pression». Khalid Zerouali, directeur de l'immigration et de la surveillance des frontières au ministère de l'Intérieur. / Ph. DR En 2017, les garde-côtes frontaliers ont réalisé 65 000 interpellations, d'après les chiffres avancés par le responsable. Sur les six premiers mois de l'année, 25 000 personnes ont été arrêtées. Des chiffres particulièrement élevés qui devraient inciter les autorités marocaines à se concentrer davantage sur la prévention de l'entrée des migrants, plutôt que de les empêcher de partir en Europe, recommande le directeur de l'immigration et de la surveillance des frontières. Le Maroc a besoin de l'aide de l'Europe, après avoir fait office pendant des années de «garde-côte» du Vieux continent, en freinant les tentatives d'immigration clandestine à destination de ses voisins européens. «Nous sommes un partenaire stratégique pour l'Europe. Le Maroc a besoin de soutien afin que nous puissions faire face à la pression [migratoire] croissante», a encore insisté Khalid Zerouali.