Le président mauritanien se saisit de toutes les occasions qui se présentent à lui pour adresser des messages aux autorités marocaines. Alors qu'il dépêchait, le 25 décembre, une délégation militaire pour prendre part à un exercice armé du Front Polisario, Mohamed Ould Abdel Aziz a reçu deux émissaires du Front, le 27 février et le 10 mai qui sont des dates «symboliques» pour le mouvement de Ghali. A sa manière le président mauritanien tient à commémorer les fêtes du Front Polisario. Mohamed Ould Abdel Aziz choisit des dates ayant une forte symbolique chez la direction du mouvement séparatiste pour accorder des audiences à ces émissaires venus directement des camps de Tindouf. Cette année, l'homme fort à Nouakchott s'est réuni, le 27 février dernier au palais présidentiel, avec l'ancien «Premier ministre», Abdelkader Taleb Oumar qui occupe actuellement le poste de représentant du Polisario à Alger. Une date qui marque en effet l'auto-proclamation de la «RASD» en 1976. Hier, il recevait le coordinateur du Front avec la MINURSO, M'Hamed Khadad, sachant que le 10 mai coïncide avec la création du Front Polisario en 1973 à Zouirate en Mauritanie. Un Timing des audiences qui ne serait pas innocent Les deux émissaires reçus, depuis le début de 2018, par Mohamed Ould Adel Aziz étaient porteurs de messages écrits de Brahim Ghali. Le montage scénographique des deux audiences est le même. Il se caractérise par une réunion en tête-à-tête avec le président, appuyée par une photo au cours de laquelle Mohamed Ould Abdel Aziz semble lire attentivement la lettre, et se conclut par une déclaration du représentant du Polisario à l'agence mauritanienne d'information. Déclaration qui à chaque fois loue l'excellence des relations entre «les deux peuples» et la «convergence des idées entre les deux leaders». Néanmoins, le timing de ces audiences est tout sauf innocent. Outre sa forte teneur symbolique pour la direction du mouvement séparatiste, il permet surtout au chef de l'Etat du voisin du sud d'adresser à son tour des messages au royaume. Une carte entre ses mains pour exiger des autorités marocaines d'accorder une attention toute particulière à ses demandes d'extrader ses opposants installés au Maroc ou, du moins, à les pousser à quitter le royaume. Et tant qu'il n'aura pas obtenu satisfaction, il y a de fortes chances que Mohamed Ould Abdel Aziz continue sur la même voie. Pour rappel, ces deux audiences (27 février et 10 mai) étaient précédées par la présence d'une forte délégation militaire mauritanienne lors d'un exercice des milices du Polisario organisé le 25 décembre 2017 dans la zone tampon d'Agounit.