La décision de Rabat de rompre ses relations avec Téhéran a permis à de nouvelles voix en Algérie de monter au créneau pour réclamer l'expulsion de l'attaché culturel de l'ambassade iranienne, Amir Moussaoui. Un homme qui adore la controverse et abhorre la discrétion. Cette fois-ci, l'opération est menée par des conservateurs et non des laïcs. Le prosélytisme chiite mené par un diplomate iranien commence à agacer certains milieux conservateurs en Algérie. Contrairement aux campagnes de 2017 et début 2018, lancées par l'opposant Anouar Malek (exilé en Belgique) qui ne cesse de mettre en garde contre l'influence des Mollahs dans son pays, cette fois c'est un ancien "ami" d'Amir Moussaoui qui se prononce pour un retour de l'ancien membre de la "Garde révolutionnaire" dans son pays. Dans son édition du samedi 5 mai, le quotidien arabophone Echourouk, très proche du pouvoir, a publié un appel de Adda Fellahi, un ancien conseiller au ministère des Affaires religieuses chargé de la communication, destiné d'abord à Moussaoui et ensuite aux services compétents. «Un Ramadan à Téhéran» «Je crois qu'au nom de la préservation des intérêts supérieurs de la nation, il est désormais nécessaire que le conseiller culturel de l'ambassade iranienne prenne l'initiative de renoncer à son poste», a-t-il écrit. «Ses activités et ses mouvements à travers le territoire national et ses intenses contacts avec les acteurs de la société civile, qu'il expose d'ailleurs et de façon flagrante sur les réseaux sociaux, suscitent l'inquiétude et soulèvent de sensibles et embarrassantes questions y compris pour les services de sûreté.» Adda Fellahi Tout en adoptant un ton déférent, Adda Fellahi ne fait pas l'impasse sur les dérapages verbaux de son ancien «ami», à l'origine de vives polémiques sur les réseaux sociaux ayant donné naissance à un Hashtag en 2017 et un autre en janvier 2018 réclamant son expulsion. Une expulsion qui donnerait du crédit aux accusations du Maroc écartée Aussitôt après le lancement de cet appel, s'est répandu comme un trainée de poudre la «rumeur» de l'expulsion de l'Iranien. Ce dernier, qui est tout sauf un adepte de la discrétion, a immédiatement riposter en diffusant sur les réseaux sociaux une photo de lui en balade dans une station du métro d'Alger. Même si Adda Fellahi a souhaité que son «ami» puisse «passer le Ramdan à Téhéran» et qu'il soit substitué par un «attaché culturel qui s'occupe uniquement de culture», la tension avec le Maroc pourrait retarder une telle mesure. En effet, les Algériens ne devraient pas procéder à l'expulsion de Moussaoui alors que le royaume vient juste de rompre ses relations avec l'Iran. Cela reviendrait tout simplement à donner du crédit aux accusations de Rabat. Article modifié le 07/05/2018 à 11h44