Le Maroc a beau réitérer son engagement aux côtés des Saoudiens dans leur guerre au Yémen, ces derniers ne lui pardonnent pas sa proximité avec le Qatar. Ils le lui font même savoir concernant sa candidature pour le Mondial de 2026. La candidature marocaine au Mondial de 2026 n'emballe vraisemblablement pas les nouveaux tenants du pouvoir en Arabie saoudite. Le président de la fédération saoudienne de football, Turki Al-Sheikh, également réputé pour être proche de l'homme fort du pays, Mohamed Ben Salman, persiste et signe. Depuis son compte Twitter, le responsable est revenu dimanche brandir le vote du royaume wahhabite en faveur du dossier Etats-Unis – Canada – Mexique : «Personne n'a sollicité notre soutien. Et au cas où on nous le demande, nous allons privilégier d'abord l'intérêt de l'Arabie saoudite (…) La couleur grise n'est plus valable pour nous.» لم يطلب أحد أن ندعمه في ملف 2026 وفي حال طُلب منا سنبحث عن مصلحة المملكة العربية السعودية أولا...?? اللون الرمادي لم يعد مقبولا لدينا ...! — تركي آل الشيخ (@Turki_alalshikh) 18 mars 2018 Et d'affirmer que le Maroc «s'est trompé» dans la promotion de sa candidature pour l'organisation de la grand-messe footballistique de 2026 : «Si tu cherches le soutien, Riyad – l'antre des lions – est le lieu approprié. Ce que tu fais est une perte de temps. Le «micro-Etat» ne t'aidera pas. Ceci est un message du Golfe à l'Atlantique.» هناك من اخطى البوصلة اذا اردت الدعم فعرين الاسود في الرياض هو مكان الدعم، ماتقوم به هو اضاعة للوقت دع "الدويلة" تنفعك...! رساله من الخليج ل المحيط . — تركي آل الشيخ (@Turki_alalshikh) 18 mars 2018 Le précédent de l'opposition féroce du Qatar lors de l'attribution du Mondial 2006 Le «micro-Etat» auquel Al-Sheikh fait référence n'est autre que le Qatar, ennemi juré du pouvoir saoudien. En effet, Doha appuie fermement le dossier marocain. La semaine dernière, le Premier ministre qatari, alors en visite à Rabat à l'occasion de la tenue de la 7e commission mixte, a réitéré l'engagement de l'émirat. Le comble dans cette histoire est que Turki Al-Sheikh est par ailleurs président de l'Union arabe de football. Un poste qui lui impose, logiquement, le devoir de plaider pour la candidature du Maroc. Samedi, le même Al-Sheikh a envoyé son conseiller à Rabat. Il s'y est réuni avec le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), Faouzi Lakjaâ, en plus des présidents du WAC et du Raja. Au micro de la chaîne Al Aoula, l'émissaire a apporté le soutien de tous les pays arabes au dossier marocain. Des déclarations de circonstances qui n'engagent que ceux y croient, surtout que l'objectif de la venue de ce conseiller a été de convaincre les responsables marocains de ne pas boycotter le prochain championnat des clubs arabes plus qu'autre chose. La semaine dernière et dans une interview accordée à un journal saoudien, Turki Al-Sheikh n'a pas exclu l'option de soutenir la candidature des trois Etats d'Amérique : «On entend des informations sur l'intention du Maroc. Nous sommes en train d'examiner le meilleur choix (…) L'intérêt de l'Arabie saoudite est au-dessus de tout. La voix de l'Arabie saoudite servira donc ses intérêts.» Ces sorties médiatiques, pour le moins hasardeuses, ne sont pas sans rappeler l'opposition féroce du Qatar à la candidature de Rabat pour le Mondial de 2006. L'ancien président de l'Union du football à Doha, Ibrahim Hammam, avait mené la fronde. Mais depuis le temps, les règles du jeu ont changé. Désormais, l'attribution du Mondial n'est plus entre les mains des seuls 24 membres du comité exécutif, mais des 207 membres de la FIFA. Le 13 juin, le Maroc doit garantir l'adhésion de 104 voix à son projet.