A Jerada, plus de 2.000 familles sont privées de revenus. Après le drame du 22 décembre, les bénéficiaires de licences d'exploitation et de commercialisation du produit ont cessé de «commander» aux jeunes l'extraction de charbon. Ce vendredi 29 décembre, Jerada a connu une nouvelle marche. Le nombre des manifestants était supérieur par rapport aux précédentes protestations. La présence de participants venus des villages avoisinants, malgré la tentative de blocage par les forces de l'ordre, a contribué à renforcer le mouvement de protestation. Si l'attention des médias s'est focalisée sur le Hirak, le dialogue, les éventuelles arrestations dans les rangs des manifestants ou encore sur l'intervention des éléments de la police, la situation des familles de mineurs sans ressources financières est la grande oubliée. Et pour cause, les hommes qui travaillent au péril de leurs vies dans les «cendrillates» n'ont pas reçu ce vendredi leur maigre salaire hebdomadaire. «D'habitude, les barons du charbon les paient chaque vendredi, à la veille du souk», nous confie Said Al Manjami. Plus de «commandes» pour les jeunes des «cendrillates» Et d'ajouter que «depuis le décès des deux frères, survenu le 22 décembre, les jeunes ne descendent plus dans les mines clandestines. Ils n'ont pas reçu de nouvelles «commandes» pour extraire le charbon. Les propriétaires des licences d'exploitation et de commercialisation du produit se font très discrets. Privées de salaires, plus de 2.000 familles sont dans l'incapacité de faire leurs courses demain au souk», explique-t-il. «Malheureusement, cette situation est appelée à s'installer dans la durée à moins que le gouvernement ne se mobilise et alloue d'abord des aides urgentes aux familles touchées de plein fouet par cette crise en attendant que des solutions alternatives aux 'cendrillates' voient le jour.» Mais il semble qu'une semaine après le drame, l'exécutif joue plutôt la montre, pariant sur l'essoufflement du Hirak de Jerada. Saâdeddine El Othmani annonçait lundi 25 décembre à la Chambre basse du Parlement son intention de «recevoir cette semaine ou la semaine prochaine les députés de la région». Une "préparation" qui a pourtant peu de chance de se montrer efficace. Les habitants de Jerada contestent dès les premiers jours la légitimité des représentants élus de la région. Pour sa part, le ministre de l'Energie et des Mines, Aziz Rebbah, a promis de lancer «une étude très approfondie pour identifier le potentiel minier de la zone et encourager les investisseurs à y venir».