Après que l'éditrice du livre «Yasmine, 19 ans, bachelière» a émis le souhait de poursuivre en justice la société Endémol Shine France, la boîte de production à l'origine du téléfilm «Mention particulière», diffusé sur TF1, celle-ci a répondu à Yabiladi, assurant qu'elle ne s'est pas «octroyée» l'histoire de la jeune femme. Détails. Yasmine Berraoui est une jeune Marocaine atteinte de trisomie qui avait fait couler beaucoup d'encre suite à son obtention du baccalauréat avec mention, en 2014. Le 6 novembre dernier, TF1 a diffusé «Mention particulière», un téléfilm qui, selon la famille de la jeune femme et la presse française, est largement inspiré de son histoire. Yabiladi a été le premier média à révéler ce que la famille Berraoui considère comme une atteinte à ses droits. Aucune mention du livre «Yasmine, 19 ans, bachelière» (Balland, 2015) n'a figuré dans le générique du téléfilm et aucun droit d'auteur n'ont été perçus par l'éditrice. Cette dernière compte poursuivre en justice la boîte de production, d'autant que les droits de diffusion de «Mention particulière» ont été vendus à cinq pays. Après de multiples tentatives pour obtenir une réponse d'Endemol Shine France, la boîte de production à l'origine du téléfilm, une source autorisée du service communication a répondu à Yabiladi : «En terme de poursuites judiciaires, on a aucun retour là-dessus, aucun courrier, aucun appel. Il n'y a absolument rien pour l'instant», dit-elle en référence au souhait de l'éditrice de les poursuivre en justice. «Quand vous dites que 'Mention particulière' est finalement l'histoire de Yasmine, je peux vous assurer que les personnes qui ont écrit le scénario l'ont fait bien avant que le livre de son père sorte.» Selon la même source, «la fiction, c'est un travail qui prend des années avant de sortir». Lors de l'écriture du scénario, «nos partenaires et différentes associations nous ont aidés à faire en sorte qu'elle voit le jour et relève de faits réels. On a été très soutenus par des associations de parents d'enfants trisomiques sur le territoire national», ajoute-t-elle. «C'est inspiré de faits réels mais ce n'est pas l'histoire de Yasmine. Il est fréquent de voir des trisomiques qui obtiennent leur bac, c'est arrivé au Maroc, en Argentine… En Italie, il y en a même un qui a obtenu une maîtrise d'économie. On ne s'est pas octroyés l'histoire de Yasmine, vraiment pas.» Selon cette source autorisée, «'Mention particulière' aborde la réussite scolaire avant tout pour dire aux gens que oui, les personnes trisomiques peuvent réussir leurs études». «Il n'y a jamais eu de bachelier ou de bachelière en France, il y en a trois dans le monde» De son côté, Jamal Berraoui, le père de Yasmine et auteur du livre «Yasmine, 19 ans, bachelière», assure qu'il ne va pas les poursuivre en justice : «Quand j'ai écrit mon livre, ce n'était pas pour me faire de l'argent sur le dos de ma fille. Je veux juste qu'on reconnaisse que c'est inspiré de son histoire. Le seul problème que j'ai avec eux (Endemol, ndlr), c'est qu'ils ont prétendu que c'était une fiction. Toute la publicité qu'ils ont faite autour du film s'appuie sur l'histoire de Yasmine. En Angleterre, la promotion du téléfilm a été faite autour de ma fille, avec sa photo. Au départ, on leur a juste demandé de mentionner que c'était inspiré de son histoire», explique modestement le journaliste. «Il n'y a jamais eu de bachelier ou de bachelière en France, il y en a trois dans le monde : un en Espagne, un en Italie et Yasmine au Maroc. Celui d'Italie n'a pas passé le bac ; il a été aidé parce qu'il ne pouvait pas écrire.» Jamal Berraoui souhaite que cette affaire ne «pourrisse» pas le parcours de sa fille. «Tout ce qu'elle veut c'est avoir une vie normale. Elle avait dit lors d'un TedX : 'je ne suis pas handicapée, j'ai un chromosome de plus que vous'», conclut Jamal Berraoui.