Daesh diversifie ses recrutements. Le profil du chef de la cellule démantelée, hier, à Melilla et Nador est une exception. Il n'a aucun antécédent criminel et il était même promu à un bel avenir politique dans les rangs du Partido Popular (PP). La cellule démantelée, hier, à Nador et à Melilla a montré à quel point les recruteurs de l'organisation «Etat islamique» seraient efficaces à l'heure d'embrigader de nouvelles recrues. Le cas de Hafid Mohamed, présenté comme le leader de la bande, est à ce titre très éloquent. Le profil de l'homme ne cadre pas avec ceux des habituels partisans de Daesh, auteurs de sanglants attentats terroristes en Europe durant les dernières années, à l'exemple de Salah Abdeslam et son frère, les frères Kouachi ou encore Mohamed Merah. Sans oublier le Marocain Abdelbaki Es Satty, qui a trouvé la mort dans l'explosion de la maison d'Alcanar seulement quelques heures avant les attaques de Las Rambals et de Cambrils en Espagne. L'autoproclamé «imam» de Ripoll avait été condamné en Espagne à quatre de prison pour trafic de drogue en 2012. Le silence intriguant des politiques à Melilla Hafid Mohamed, âgé de 39 ans et père de deux enfants, constitue en effet l'exception. Il n'avait pas de passé criminel. Mieux, il était un membre actif du Partido Popular (Parti populaire, abrégé PP) au pouvoir dans sa ville et un bel avenir politique lui tendait les bras. Mais tout a basculé en 2014. Il décida de rompu le cordon ombilical avec la formation de Mariano Rajoy pour se consacrer à d'autres activités en phase avec sa nouvelle idéologie. Il changea alors radicalement, laissant pousser sa barbe et s'habillant à la manière des Afghans. Un accoutrement qui aurait dû en principe alerter ses anciens camarades au parti, à commencer par le président Juan José Imbroda. Celui-ci, et après un silence de trois ans, a décrété hier le bannissement de Hafid Mohamed des rangs du PP. Une mesure tardive qui n'exempte pas Imbroda de sa responsabilité. Force est de constater que Melilla est le terreau du radicalisme par excellence où s'active une puissance association wahhabite appelée «BADR». Elle bénéficierait et du soutien financier de milieux en Arabie saoudite et de la complaisance des autorités politiques espagnoles, selon des sources à Melilla. Grace à ces deux appuis, l'association aurait étendu son influence jusqu'au Nord et le Nord-Est du Maroc. Ce qui explique, entre autre, le nombre important d'individus originaires de cette zone, arrêtés ces dernières années par le Bureau central d'investigation judiciaire ou encore ceux ayant rejoint Daesh sur les fronts syrien et irakien.