La normalisation tant attendue entre le Maroc et la Mauritanie risque d'être reportée à une date ultérieure. En cause, le projet du gouvernement de lancer des mandats d'arrêt contre les opposants à l'étranger de Mohamed Ould Abdelaziz. Rabat accueille en effet deux principaux adversaires du président. Après la «victoire» de son projet de révision constitutionnelle, le président mauritanien prévoit de se consacrer au dossier de ses opposants à l'étranger. C'est là le dernier obstacle qu'il doit encore lever pour espérer se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible et, mieux encore, le transmettre à l'un de ses fils. Ainsi, le gouvernement compte émettre des mandats d'arrêt internationaux à l'encontre de certains adversaires politiques de Mohamed Ould Abdel Aziz, indique le site Anbaa. Une ambassade mauritanienne «située dans un pays voisin» a été chargée de réunir «des informations sur les mouvements et les lieux de résidence» des éventuelles cibles, ajoute la même source. La normalisation tant souhaitée avec le Maroc est menacée Le Maroc est concerné par le nouveau projet du président mauritanien. S'il est mené à bien, il risquerait de reporter la normalisation des relations entre les deux pays à une date ultérieure. Et pour cause, le royaume accueille deux des principaux opposants au régime de Ould Abdel Aziz : Mustapha Lamam Ould Chafiî, ancien conseiller de l'ex-président burkinabé Blaise Compaoré, fin connaisseur de la carte des groupes terroristes au Sahel, ainsi que le milliardaire Ould Bouamatou. «Le père de cet homme d'affaires était membre de l'Armée de libération au sud. Sans compter que certains membres de sa famille, notamment sa sœur, sont nés au Maroc. C'est dire les liens qui l'unissent au royaume», nous confie une source au Sahara. Ould Bouamatou, originaire de la même tribu que le président mauritanien, les Oulad Bousbaâ, a longtemps été considéré comme son bailleur de fonds avant la rupture. Fin 2015, Rabat avait opposé une fin de non-recevoir à une demande d'extradition du milliardaire. Les deux hommes sont en effet les principaux opposants à l'étranger de Mohamed Ould Abdel Aziz. «Certes, il y a les militants politiques issus de la communauté noire installés en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, mais ils ne font pas le poids face à l'hégémonie du président», explique la même source. Lors de la campagne référendaire, le président a annoncé détenir des «preuves» impliquant des opposants dans le financement d'«actes de vandalisme» contre son pouvoir. Article modifié le 15/08/2017 à 14h03