Les assauts répétés de migrants à Melilla et Ceuta inquiètent certains sécuritaires dans les rangs de la Garde civile espagnole. Sous couvert d'anonymat, ils constatent que le Maroc «a levé le pied» mais déclarent «ignorer les raisons de la colère» des autorités de Rabat. De plus en plus de migrants subsahariens réussissent à déjouer les mesures de vigilance des services marocain et espagnol, parvenant ainsi à entrer à Melilla et Ceuta. Lundi 7 août, 187 personnes, sur un total de 300 qui se sont lancés au début, ont pu sauter les barrières et accéder à la ville. Tous ont été conduits dans un centre d'accueil réservé aux migrants. Le lendemain, un millier de candidats à l'immigration ont tenté leur chance, mais cette fois du côté de Ceuta. Au total, 200 ont réussi leur tentative, indique un média local. Malgré la communication officielle de la direction de la Garde civile espagnole saluant l'engagement marocain dans la lutte contre la migration illégale, des voix s'élèvent en Espagne pour critiquer la version officielle. Cette «opposition» n'émane pas de formations politiques ou d'associations connues pour leur hostilité à Rabat, mais se situe dans les rangs des sécuritaires. Ils ignorent les raisons de la colère du Maroc Sous couvert d'anonymat, des membres de la Garde civile apportent un autre son de cloche. «Le Maroc a levé le pied» à dessein «d'envoyer des messages au gouvernement» Rajoy, indiquent-ils à la publication en ligne El Confidencial digital, très proche des milieux sécuritaires espagnols. Ils n'hésitent pas à faire le parallèle entre la situation qui prévaut actuellement sur les frontières avec celle datant de février dernier. A l'époque, l'Espagne avait accusé les autorités de Rabat d'avoir fermé les yeux sur les assauts de Subsahariens en riposte à la position de certains responsables espagnols au sein de l'UE, qui s'étaient empressés de déclarer que Bruxelles se conformerait au verdict de la Cour de justice de l'Union européenne du 21 décembre 2016, excluant le Sahara occidental des accords de partenariat conclus avec le Maroc. Les mêmes sources consultées par El Confidencial digital affirment désormais «ignorer les raisons de la colère du Maroc». Force est de constater que le flux des zodiacs de migrants qui échouent sur les côtes espagnoles, ainsi que les assauts des frontières à Ceuta et Melilla est le meilleur indicateur de l'état des relations entre le Maroc et l'Espagne. En témoigne les arrivées massives de migrants sur les Iles Canaries avant la victoire des socialistes aux élections législatives de mars 2004. Une fois José Luis Zapatero au palais de La Moncloa, la donne a complètement changé.