Seuls les trois pays maghrébins parviennent à maintenir de faibles taux de famine en Afrique. Leurs scores baissent continuellement depuis 1992. Victimes collatérales de l'instabilité régnante dans certaines contrées d'Afrique, les populations en proie à la famine semblent être confinées à une situation inquiétante. Pêle-mêle, la famine menace 20 millions de personnes au Yémen, en Somalie, au Soudan du Sud et au Nigeria, selon l'ONU ; 3 millions d'Africains ont besoin d'une aide alimentaire «immédiate» dans huit Etats de l'ouest continental ; près de 1,4 million d'enfants risquent de mourir de la famine cette année au Nigéria, en Somalie, au Soudan du sud et au Yémen, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef). Au milieu de ces chiffres à donner le tournis, le Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD), programme de l'Union africaine pour répondre aux priorités sociales, économiques et politiques du continent, a publié dimanche 2 juillet à Addis-Abeba son Indice 2016 de la faim en Afrique (GHI). Adaptation de l'Indice de la faim dans le monde, qui mesure l'évolution de la faim dans l'ensemble du monde en développement, ce rapport s'appuie sur quatre indicateurs : la sous-alimentation, l'émaciation infantile (état d'amaigrissement extrême), le retard de la croissance infantile et la mortalité infantile. L'édition Afrique du GHI 2016 comprend les résultats de 42 pays africains dont les données pour les quatre indicateurs sont disponibles, «et pour lesquels mesurer la faim est considéré comme particulièrement pertinent», lit-on dans l'étude. Les scores n'ont effectivement pas été calculés pour certains pays à très faible population : le Cap-Vert, la Guinée équatoriale, les Seychelles et Sao Tomé-et-Principe. Le Maghreb sur le podium La Tunisie, l'Algérie et le Maroc glanent respectivement les trois premières places du classement. Les trois pays occupent la catégorie «faible» sur l'échelle de la faim, contre 28 dans la catégorie «grave» et cinq dans la catégorie «alarmante» en 2016. Le royaume enregistre ainsi un score GHI de 9,3 en 2016, en baisse continuelle entre 1992 (18,3), 2000 (15,6) et 2008 (12,0). A l'origine des résultats des Etats maghrébins, «le développement du secteur agricole par des grands travaux de construction d'ouvrages d'irrigation sophistiqués. Tout en contrôlant les importations massives de produits alimentaires, les pays d'Afrique du Nord ont mis en place des politiques de protection sociale en subventionnant les produits de base pour permettre un meilleur accès à l'équilibre alimentaire des ménages», analyse La Tribune Afrique. Des résultats contrastés A l'échelle continentale, malgré des chiffres alarmants, une perspective encourageante se dessine : «La bonne nouvelle est que nous n'observons pas de stagnation ni de ralentissement des progrès accomplis en termes de réduction de la faim, qu'il s'agisse de l'Afrique au sud du Sahara ou de l'Afrique du Nord», notent les auteurs de l'étude. Un espoir contrasté par les données de l'Unité pour l'analyse de la nutrition et de la sécurité alimentaire (FSNAU), gérée par la FAO et le Réseau de systèmes d'alerte précoce contre la famine (FEWS NET). Une étude qui avait annoncé en février 2016 que la proportion de personnes souffrant d'insécurité alimentaire grave ou dans l'incapacité de subvenir à leurs besoins alimentaires quotidiens demeure «extrêmement élevée».