Ce sont des manifestations comme l'Australie n'en a jamais connu. Dimanche pendant que les uns scandaient avec véhémence «non à la charia», d'autres criaient à tue-tête «non au racisme et à l'islamophobie». L'Australie est-elle en train d'être gagnée par la fièvre islamophobe ? La fièvre du nationalisme exacerbé a gagné la tête des Australiens, du moins une partie. De Sidney, à Hobart sur l'île de Tasmanie en passant par la capitale Canberra au Sud et Perth dans l'ouest, les manifestations anti-islam ont rythmé la journée d'hier. A l'appel du mouvement Reclaim Australia (Reconquérir l'Australie) les manifestants ont troqué leur repos dominical pour scander, pancartes en main, «non à la charia». Tout en déplorant la présence des néonazis, un député australien du parti conservateur, George Christensen, s'est rangé du côté des manifestants anti-islam. Le mot d'ordre de la manifestation était le même partout. Selon Reclaim Australia qui est bien implanté dans le pays à travers des communautés très actives sur les réseaux sociaux, les manifestations visent à apporter «une réponse publique à l'extrémisme islamique des groupes minoritaires qui souhaitent changer l'identité de la nation australienne et (comme) une réaction au choc provoqué par les récentes atrocités des radicaux de l'islam en Australie et à l'étranger». En 2014, deux otages et leur preneur, Man Haron Monis, un homme iranien décrit comme «instable» et «ayant des visées djihadistes», avaient trouvé la mort à Sidney. Depuis cette prise d'otages, les autorités australiennes ont déjoué plusieurs attentats terroristes. D'un autre côté, plusieurs Australiens ont rejoint les rangs de l'Etat Islamique en Irak et en Syrie. Des échauffourées en marge des manifestations Pour rappel, Reclaim Australia n'en est pas à sa première manifestation après celle d'avril dernier. Des centaines de personnes avaient défilé à Sidney et Melbourne pour «la défense des valeurs australiennes». L'association radicalisée depuis sa manifestation d'avril explique dans un communiqué ne pas être «un groupe raciste, ni des néonazis, ni des partisans de la suprématie blanche mais être de simples patriotes qui aiment leur pays et soutiennent leurs droits, leurs valeurs et leurs modes de vie». Pour contrer les visées de Reclaim Australia, des contre-manifestations ont dénoncé l'islamophobie à Sidney. Plus de 250 militants antiracistes ont brandi des pancartes au cri de «Non au racisme, non à l'islamophobie». Les équipes de la police anti-émeute et de la police montée déployées sur place n'ont pas empêché les échauffourées. Déjà, samedi dernier, des violences ont été notées quand la police a dû disperser des manifestations. Cinq personnes ont été arrêtées. Sur les 23 millions d'Australiens que compte le pays, moins de 3% sont des musulmans. Par ailleurs, pour lutter contre l'immigration, le Premier ministre conservateur a fait de la politique de blocage des immigrants sa priorité pour son mandat. Mais malgré cela, la théorie du «grand remplacement» semble avoir conquis un certain nombre d'Australiens.