Human Rights Watch s'en prend au gouvernement marocain et principalement au ministre de la justice, Mustapha Ramid, pour la dépénalisation de l'homosexualité. L'ONG fustige les déclarations qu'elle juge «homophobes» de Ramid dans les médias marocains après l'épisode du lynchage de Fès. Human Rights Watch s'en prend une nouvelle fois au gouvernement marocain. L'ONG a appelé mercredi le ministre de la Justice, Mustapha Ramid, à dépénaliser l'homosexualité suite à l'agression homophobe dont a été victime un prétendu homosexuel à Fès. Le 29 juin dernier, un homme habillé comme une femme a été pris en partie par des individus déchaînés. La victime a essayé de s'enfuir à bord d'un taxi, mais la foule en furie l'a poursuivie jusqu'à l'intérieur du véhicule. Il aura fallu l'intervention d'un policier qui a brandi son arme de service pour que les agresseurs s'éloignent. «Déclarations homophobes» L'affaire a fait beaucoup de bruit au Maroc poussant même les autorités à ouvrir une enquête qui s'est soldée par l'arrestation de deux personnes. En outre, des mesures ont été prises pour faire face aux «brigades de la vertu». Mais ces «avancées» ne semblent pas suffisantes pour HWR qui dénonce les propos post incident tenus par le ministre de la Justice dans les médias marocains. Selon HWR, ces déclarations sont «homophobes». Ramid avait affirmait que la dépénalisation de l'homosexualité est «une ligne rouge» que ne franchira pas le gouvernement. Le ministre aurait également dit que les homosexuels devraient éviter de «provoquer la société» et que les citoyens ne doivent pas «appliquer la loi eux-mêmes», rappelle HRW. «Ce que la personne chargée de la justice au Maroc devait dans la foulée de cet incident de chasse aux homosexuels est une politique de tolérance zéro à l'égard de telles attaques», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice de l'ONG dans la région MENA. «Au lieu de cela, il a fait des déclarations qui suggèrent que les personnes perçues comme homosexuelles sont anormales et partage ainsi la responsabilité de la violence anti-gay», déplore Sarah L. Whitson. Ramid inflexible Pour rappel, les arrestations et condamnations d'homosexuels ont été nombreuses ces derniers mois. Fin mai, trois personnes ont ainsi écopé de trois ans de prison pour homosexualité à Taourirt. En juin, deux hommes accusés de s'être embrassés sur l'esplanade la tour Hassan ont aussi été condamnés à 4 mois de prison ferme. Même chose en avril dernier pour deux individus à Agadir. Fin 2014, un élu local et un étudiant avaient aussi écopé de trois ans (réduits à 1 an et 6 mois) pour les mêmes raisons. A ces cas, s'ajoutent d'autres interpellations qui se feraient en secret, selon le Collectif Aswat. En juin, l'Assemblée du Conseil de l'Europe a profité de la présence de Ramid à Strasbourg pour demander la dépénalisation de l'homosexualité et de l'adultère au Maroc. Mais malgré ce message, le ministre de la Justice s'est montré inflexible.