L'ancien roi Juan Carlos avait présenté ses excuses aux juifs séfarades pour les exactions qu'ils avaient subies lors de l'Inquisition. Maintenant les députés souhaitent gommer des années de crimes contre l'humanité en offrant la nationalité espagnole aux descendants des victimes de la «Conquista». C'est désormais chose faite. La Chambre basse du parlement du voisin du nord a adopté, hier, un projet de loi accordant la nationalité espagnole aux descendants des juifs séfarades expulsés du pays au 15ème siècle. Ils ont un délai de trois ans, prolongé d'une année supplémentaire, pour déposer leur demande en ce sens sans toutefois renoncer à leur nationalité d'origine. Les services compétents commenceront à recevoir les requêtes en octobre prochain. La loi leur donne douze mois pour répondre aux requérants. Mais qu'en est-il du temps qu'il faudra pour faire oublier des mentalités les noms de plusieurs localités rappelant fièrement les assassinats des juifs comme les "Castrillo Matajudios" de Castella-Léon, de Burgos ou de Galindo? Double jeu des députés de droite Des membres de la communauté israélite résidente au Maroc peuvent donc, s'ils le souhaitent, présenter des demandes aux autorités espagnoles. Tous les groupes parlementaires ont applaudi l'initiative. Néanmoins des députés d'extrême gauche ont regretté que les sahraouis des camps de Tindouf ne bénéficient pas du même cadeau. Plus largement, aucune force politique n'a défendu le droit des familles musulmanes d'origine andalouse à la nationalité espagnole. Pourtant, elles ont été contraintes de fuir massivement l'Espagne dans les mêmes conditions que les juifs séfarades. Jusqu'à présent la seule initiative parlementaire pour réparer l'injustice subie par les musulmans remonte à 2009. Elle est l'œuvre d'un député du PSOE, José Antonio Perez Tapias. Il avait rédigé une proposition de loi non-contraignante appelant l'Etat espagnol à reconnaitre les crimes infligés aux Maures. La proposition s'était heurtée à l'opposition des parlementaires du PP. Six ans plus tard, voilà les députés de droite qui courtisent les juifs séfarades. C'est en 2013 que des députés du PP avaient déposés la proposition de loi,. Ils ont immédiatement obtenu l'adhésion du gouvernement de Mariano Rajoy. La droite espagnole est convaincue que le moment est venu de réparer une injustice qui remonte à plus de cinq siècles. A cette époque les rois catholiques (Ferdinand et Isabelle) avaient accordé, par le biais du décret de l'Alhambra, un délai de quatre mois (de mars à avril 1492) aux juifs pour se convertir au christianisme ou quitter le territoire. La majorité avait préféré l'exil majoritairement vers le Maroc.