Au Maroc la politique n'a pas de logique. Un chiite, un salafiste et un islamiste, un ancien exilé, décident de rejoindre un parti créé par un ex-commissaire de police. Ce week-end, un parti marocain a créé la surprise. Le Mouvement démocratique et social, fondé en 1996 par Mahmoud Archane, un ex-commissaire de police, et dirigé actuellement par son fils, a présenté hier à Rabat ses nouvelles recrues, en l'occurrence des islamistes de différents horizons. Un chiite, un salafiste et un ex-exilé islamiste rejoigne le MDS Il s'agit d'un véritable coup de publicité pour cette petite formation. Parmi eux un chiite : Driss El Hani que Yabiladi a interviewé il y a seulement deux semaines. Une première. D'habitude, les membres de cette communauté évitent d'adhérer à des formations politiques. Nous avons tenté de le contacter par téléphone en vue de nous expliquer les raisons du choix du MDS mais il est resté injoignable. Le MDS a également connu l'adhésion d'une nouvelle «star» islamiste, à savoir : Abdelkrim Echadili. Agé de 55 ans, il est considéré comme l'un des chioukhs du mouvement salafiste au Maroc. Dans le sillage des attentats du 16 mars 2003, il avait été condamné à 30 ans de prison. Le 14 avril 2011, il bénéficiait d'une grâce royale. Le ralliement d'Echadili dans les rangs du MDS est-il annonciateur d'autres adhésions pour les adeptes de cette mouvance ? Le Mouvement démocratique et social ne mise pas uniquement sur El Hani et certains salafistes, il parie également sur les islamistes de l'organisation Chabiba islamiya, rentrés au Maroc après des années d'exil en Libye et en Europe. Le samedi, le parti que dirige Abdessamad Archane a présenté l'un d'eux : Abdelkrim Faouzi. Le MDS face au passé de son fondateur Le MDS est une formation gérée par la famille Archane. Depuis le limogeage de Driss Basri en septembre 1999 par le roi Mohammed VI, ce parti a perdu beaucoup de plumes. Et pourtant aux législatives de 1997, il «avait arraché»32 sièges grâce à la baguette magique de l'ancien homme fort du pays. Il s'était alors classé 6ème, se permettant même le luxe d'arriver ex-aequo avec la liste de l'Istiqlal. Au scrutin du 25 novembre 2011, l'enseigne en nette perte de crédibilité n'a pu récolter que deux petits sièges. Son influence à la Chambre des représentants est désormais presque inexistante. En réussissant ce coup médiatique, le MDS saura-t-il séduire les voix de certains islamistes qui ne se retrouvent pas dans les thèses du PDJ et celles d'Annahda wal Fadila (Renaissance et Vertu) de Mohamed Khalidi ? De toute évidence, la concurrence sera rude. Une bataille dans laquelle le Mouvement démocratique et social entre avec un handicap majeur : le passé de son fondateur, un ex-commissaire de police durant les années de plomb.