Invité ce jeudi sur la radio madrilène 4G, Ignacio Cembrero a révélé que le gouvernement marocain aurait plaidé pour son éviction d'El Pais bien avant qu'il ne soit accusé d'apologie au terrorisme. Détails. Rabat aurait-il cherché à mettre un terme à la mission de correspondant d'Ignacio Cembrero au Maroc ? C'est en tout cas ce que semble révélé aujourd'hui, le journaliste espagnol. «Deux membres du gouvernement socialiste de Zapatero m'ont dit que dans les derniers mois de leurs fonctions, le Gouvernement du Maroc a demandé au gouvernement de Zapatero de faire pression sur Prisa [le groupe de presse détenant El Pais, ndlr] pour qu'il m'enlève de l'Afrique du Nord. Ils m'ont assuré qu'ils n'ont pas fait cas de cette demande jusqu'à ce qu'on m'accuse d'apologie au terrorisme», a déclaré ce jeudi Cembrero lors de son passage sur la radio espagnole 4G. «Je ne suis pas anti-marocain» Pour mémoire, le chef du gouvernement marocain Abdelilah Benkirane a déposé plainte – en décembre 2013 - contre l'ancien correspondant d'El Pais au Maghreb et l'ancien directeur du journal Javier Morano, pour «apologie au terrorisme» suite à la diffusion sur El Pais TV, en septembre 2013, d'une vidéo d'Al Qaida au Maghreb islamique (AQMI) hostiles au royaume et appelant les jeunes à commettre des attentats. Aujourd'hui en service chez El Mundo, Ignacio Cembrero insiste sur le fait qu'il écrivait sur le Maroc avec engagement et enthousiasme. «Je ne suis pas anti-marocain. Pour moi, c'est un pays très accueillant», confie le journaliste. Le problème, d'après lui, c'est qu'«il y a certaines choses qu'on peut dire et d'autres qu'on ne doit surtout pas révéler. Quand on s'y essaye, on excite la colère des autorités». Le journaliste reconnaît toutefois qu'il fût un temps où il jouissait de l'honneur des autorités chérifiennes, mais cela appartient désormais au passé. La plainte de Benkirane toujours en suspens Depuis bientôt un an et demi, Cembrero est dans un véritable bras de fer judiciaire avec Benkirane. La plainte du chef du gouvernement n'a toujours pas aboutie. Après deux classements sans suite de l'affaire par des juges espagnoles en juin et août 2014, il devait être entendu par la justice ibérique le 15 décembre dernier, lui, ainsi que Javier Moreno. Mais jusqu'à ce jour, il n'y a eu aucune suite. Et c'était bien prévisible. La dernière alternative de Benkirane est de saisir le devant le tribunal suprême en Espagne, mais reste à savoir si la justice espagnole voudra, un jour, traiter cette plainte.