Que de chemin parcouru par la chaîne TV 2M qui a fêté ses 20 années d'existence en 2009. En effet, depuis 1989, année de «naissance» de la société SOREAD, qui a signé avec l'Etat marocain un contrat de concession l'autorisant à programmer et à diffuser des émissions de télévision sur l'ensemble du territoire national, la chaîne a connu de nombreuses transformations. Du privé au public, retombera-t-elle dans le privé ? Comme toutes les chaînes à péage, 2M se voulait élitiste et s'était fixée comme objectif d'atteindre, en 1994, 250 000 abonnés. Une première sélection du public s'effectuait par le portefeuille via l'abonnement mensuel. La chaîne casablancaise suscite un véritable engouement dès son lancement, mais elle évolue dans un environnement culturel complexe. Le piratage n'arrange pas les choses et l'essor des chaînes satellitaires fini par porter un coup dur aux ambitions de 2M. Après cinq années d'existence, elle n'est plus la chaîne thématique à vocation internationale conçue au départ, mais une chaîne généraliste, de proximité, afin d'exprimer de manière encore plus évidente sa différence, sa spécificité face aux autres sources d'images. Après sept ans de fonctionnement, l'actionnaire principal de la SOREAD, l'ONA se retire de la gestion de la chaîne qui est confrontée à des difficultés financières. L'Etat, signataire de la concession, en reprend le contrôle en 1996 avec une participation de 68 % dans le capital. En 1997, 2M est diffusée en clair, bouleversant le paysage audiovisuel marocain. Le redressement financier de la société gestionnaire de la chaîne est initié à travers le concours du Fonds pour la promotion audiovisuelle nationale, la dynamisation du marché publicitaire et la commercialisation de produits cryptés accessoires. Aujourd'hui, au bout de deux décennies d'existence, la chaîne désormais publique est toujours plombée par des difficultés financières. Une situation qui a conduit le ministère de l'Economie et des Finances à réagir et a exiger un plan d'austérité. Cela devrait se traduire dans un premier temps par une opération de départs volontaires (on parle de 120 personnes). Si la direction - et une large majorité du personnel - est consciente de la nécessité d'alléger la masse salariale, il semblerait que le syndicat majoritaire UMT (Union Marocaine du Travail) ne l'entend pas de cette oreille. Et il a tenu à le faire savoir, vendredi 8 octobre 2010, lors d'une réunion syndicale qui s'est déroulée dans les locaux de la chaîne à Ain Sebaâ, à Casablanca. Cependant, et selon des sources bien informées, l'Etat a décidé d'accélérer la cadence. Les départs volontaires devraient être effectif pour la fin de l'année 2010 et devraient se poursuivre au 1er trimestre 2011. TF1 partenaire dans la privatisation de 2M ? Puis, la (re)privatisation de la chaîne a été mis sur table. «C'est la meilleure option pour la chaîne. La situation ne peut perdurer. Plus on avance dans le temps, plus les difficultés sont importantes et handicapent la chaîne. Le problème majeur, ce n'est pas les 800 salariés de la chaîne mais l'organisation générale du personnel. Est-ce que les 800 personnes ont des tâches claires et des salaires justifiés ?», indique un journaliste de la chaîne qui a souhaité s'exprimer sous couvert d'anonymat. Un tour de table est en phase de constitution, piloté par nul autre que Martin Bouygues, propriétaire de TF1. Il faut savoir qu'une longue histoire lie 2M à TF1. Lors du lancement de la chaîne, en 1989, TF1 détenait des actions dans le capital et la 1ère chaîne privée française a assuré la formation des cadres de la chaîne. TF1 quittait 2M après le rachat de la chaîne par l'Etat. Comme du reste le groupe ONA. On reparlera de TF1 au Maroc lorsque Moncef Belkhayat (actuel ministre de la Jeunesse et des sports), alors vice-président de Meditelecom, filiale de Finance.com, multipliait les allers-retours entre Casablanca et Paris avec au menu des séances de travail destinées à parachever et à formaliser la présence de TF1 dans le tour de table de la chaîne La 3. Ce qui fut d'ailleurs acté lors de la rencontre entre Othmane Benjelloun et Martin Bouygues, à Paris. Malheureusement, la HACA, la Haute autorité audiovisuelle (le CSA du Maroc) en a décidé autrement. Le projet de la chaîne La 3, à capitaux privés, n'obtiendra pas le quitus du «gendarme» de l'audiovisuel. Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, et il se murmure que le duo Othmane Benjelloun / Martin Bouygues pourrait être reconstitué pour une nouvelle aventure, celle de privatiser 2M. Une aventure conditionnée, cette fois, par le soutien et l'engagement du premier cercle du pouvoir. Démenti de Bouygues Bouygues dément formellement les informations selon lesquelles Martin Bouygues, son président-directeur général, serait impliqué directement ou via TF1, filiale du Groupe, dans la constitution d'un tour de table pour rentrer dans le capital de la chaîne marocaine 2M. Aucun contact n'a par ailleurs été pris sur ce sujet avec Othman Benjelloun, président de FinanceCom, affirme le groupe.