Après des années de silence, Saïd Chaâou, dont le nom est mêlé à une grosse affaire de trafic de drogue, s'est converti en opposant politique revendiquant l'indépendance du Rif. Grâce à ses millions d'euros, il se réclame héritier du combat de Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi. De son exil doré aux Pays-Bas, Said Chaâou, un présumé baron de la drogue maroco-néerlandais recherché par la justice marocaine, cultive son statut d'opposant politique à la monarchie. Cet ancien député de la circonscription d'Al Hoceima cherche à se refaire une virginité grâce à ses grosses ressources financières. Pourtant tout avait bien débuté pour Said Chaâou après son retour des Pays-Bas. Ce dernier s'était présenté aux élections législatives de 2007 sous les couleurs d'une petite formation, Al Ahd, issue d'une scission du Mouvement populaire et présidée par le rifain Najib El Ouazzani. En 2008, il était même aux premières loges lors du congrès constitutif du PAM. Une idylle qui n'a pas trop duré. Expulsé sans ménagement du parti du Tracteur, il a vite rebondi chez les anciens communistes du PPS avec lesquels il est élu au parlement. Cette expérience sera brusquement avortée par le démantèlement en 2010 du réseau de trafic de drogue de Zaimi. Suspecté dans cette affaire, Chaâou échappera à la justice marocaine en prenant la fuite vers les Pays-Bas. Il tire à boulets rouges sur ses anciens amis du PAM Pour se venger, Chaâou a décidé de mener un autre combat en adhérant au «Mouvement du 18 septembre pour l'indépendance du Rif» quelques mois après sa création, en mars 2014 aux Pays-Bas. Aujourd'hui, il est même devenu le leader de ce mouvement. Fort de son nouveau titre, l'ancien député qui s'est découvert des qualités d'orateurs, multiplie les interventions contre le règne de Mohammed VI. A l'occasion d'une conférence, tenue récemment à Amsterdam, il a appelé ouvertement à la création d'une république du Rif. Et comme l'appétit vient en mangeant, le néo-indépendantiste n'a pas l'intention de s'arrêter à mi-chemin. Le projet de découpage du Rif proposé par le ministère de l'Intérieur dans le cadre de la réforme régionale a attiré ses griefs. Dans une longue tribune relayée aujourd'hui par de nombreux sites rifains, Said Chaâou accuse ses anciens camarades au sein du PAM de bénir la division du Rif en trois régions, dictée, selon ses dires, par la monarchie. Lui revendique un grand rif allant de Tanger à Saïdia. C'est largement plus que n'avait Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi sous son autorité entre 1921 et 1927.