Le secteur des télécom au Maroc aiguise l'appétit des opérateurs français. Après la prise de contrôle de Maroc Telecom par le groupe Vivendi, voilà le tour de France Telecom qui lorgne sur Meditel. Les résultats plus que satisfaisant de la filiale marocaine de SFR, et l'expansion vers l'Afrique, semblent rendre jaloux l'opérateur historique français. On apprenait que l'opérateur français de téléphonie négociait avec les deux actionnaires de Méditel, à savoir CDG et Finance.com, et ce afin d'acquérir 40 % du capital du groupe marocain, au prix de 650 millions d'euros. Pour rappel, Othman Benjelloun avait dû faire un chèque de 600 millions d'euros à l'ordre de Portugal Telecom et Telefonica, fin décembre 2009, lors de leur retrait de Méditel. Au mois d'août, silence radio. Du côté de Méditel, on souhaite ne plus communiquer sur ce dossier pour le moment. Quant à Orange, le top management indique «que les pourparlers sont toujours en cours et que les négociations sont bien avancées». Si France Télécom confirme que le courant passe toujours entre Méditel et Orange, il n'en reste pas moins que l'on peut s'interroger sur les éventuels points où butent les négociations. Selon des informations recoupées, France Télécom, qui a décidé de lancer sa nouvelle stratégie d'expansion dans les pays émergents (doubler le chiffre d'affaires sur ces marchés à l'horizon 2015) souhaiterait devenir majoritaire dans Méditel, soit détenir 51 % du capital. Et, toujours selon les mêmes sources, les actionnaires de référence de Méditel ne l'entendent pas de cette oreille. «Du côté des actionnaires, il n'est pas question de céder Méditel et d'en perdre le contrôle. On peut même supposer que la décision est soutenue au plus haut sommet de l'Etat. De facto, il est difficile d'anticiper sur le déroulement et l'issue des négociations tant les positions, des uns et des autres, semblent lointaines». Ce qui expliquerait le silence actuel…. Il n'en demeure pas moins que les intentions et les ambitions de France Télécom au Maroc sont clairement affichées. Orange souhaite poser ses valises durablement au Maroc, dans un premier temps, pour ensuite jouir d'une fenêtre sur le reste de l'Afrique. En clair, France Télécom souhaiterait suivre le chemin parcouru par son concurrent et grand rival Vivendi. Du coup, l'offensive d'Orange pourrait prendre la forme d'un nouveau face à face entre les deux leaders de la téléphonie en France. Mais cette fois, la rivalité dépassera les frontières de l'hexagone pour s'étendre au Maroc, puis sur le reste de l'Afrique. Face à la concurrence de plus en plus rude sur le marché français qui est arrivée à maturité et le risque que fait planer l'entrée de Free dans la téléphonie mobile, les grands opérateurs ne voient leur salut que dans la croissance externe sur les marchés émergents. Une stratégie que le Groupe Vivendi a entamée en 2005 avec une prise de participation de 35 % dans Maroc Télécom, soit 2,2 milliards d'euros, puis de 16 % supplémentaires par la suite. Puis, Maroc Télécom, dopé par l'arrimage à Vivendi, s'est engagé dans un vaste plan de développement en Afrique comme en Mauritanie, au Mali, au Burkina Faso ou encore au Gabon. Ce qui a permis au groupe Vivendi de faire face à la crise financière qui a secoué les grandes places financières et boursières occidentales. Une résilience qui a sans doute fait baver l'opérateur historique français.