Le très controversé chroniqueur Eric Zemmour déclenche une nouvelle polémique. Dans une interview accordée à un journal italien, il a estimé que la déportation de cinq millions de musulmans serait comparable à l'expulsion des pieds noirs d'Afrique du Nord. De nouvelles plaintes ont été déposées contre le polémiste. Habitué des déclarations polémiques, Eric Zemmour a remis ça. Le chroniqueur a laissé sortir des propos islamophobes dans une interview qu'il avait accordée en octobre dernier au journal italien Corriere della Serra. Dans cet entretien qui n'a été révélé que lundi en France par Jean-Luc Mélenchon dans son blog, Zemmour estimait que la déportation de cinq millions de musulmans serait comparable à l'expulsion des pieds noirs d'Afrique du Nord. Devant le journaliste Stefano Montefiori, Zemmour souligne que les musulmans «vivent entre eux, dans les banlieues», que «les Français ont été obligés de les quitter». Ils refusent de vivre «à la française», en «mangeant par exemple du fromage» ou en «plaisantant dans les cafés et en faisant la cour aux jeunes filles». «Cette situation d'un peuple dans le peuple, des musulmans dans le peuple français, nous conduira au chaos et à la guerre civile», estime-t-il. Jusque-là, rien de surprenant dans ses propos pour celui qui est un habitué des déclarations choquantes. Mais lorsqu'on lui demande si la solution serait alors de déporter les musulmans, le polémiste semble acquiescer. «Je sais, c'est irréaliste, mais l'histoire est surprenante. Qui aurait dit en 1940 qu'un million de pieds noirs, vingt ans plus tard, seraient partis d'Algérie pour revenir en France ?», laisse-t-il entendre. Lâché par RTL et objet d'une plainte de SOS Racisme Des propos largement condamnés notamment au sein de la classe politique. Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a condamné mardi 16 décembre «avec une extrême fermeté» les propos de Zemmour. Je condamne avec une extrême fermeté les propos tenus par Eric Zemmour concernant les musulmans de France dans le Corriere della Sera. — Bernard Cazeneuve (@BCazeneuve) 16 Décembre 2014 De son côté, le patron des députés PS, Bruno Le Roux, pense qu'«il est temps que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter de tels propos». L'Organisation SOS Racisme a par ailleurs déposé une plainte visant le polémiste. Pour l'Observatoire contre l'islamophobie qui dépend du Conseil français du culte musulman (CFCM), «Ces propos viennent s'ajouter à une litanie de déclarations abjectes et sans fondement de ce prêcheur de haine patenté à l'encontre de l'islam et des musulmans». «Que font les pouvoirs publics devant le déferlement de tant de haine?», s'est-il interrogé. Au sein même de la rédaction de RTL, la Société des journalistes s'est «désolidarisée» ce mercredi des propos de Zemmour, et estime que ses prises de positions «ternissent les valeurs défendues» par la station. Sur Internet, les réactions fusent aussi. Un hastag #ZemmourDeporteMoi est lancé en réaction aux propos du chroniqueur. Pour sa part, l'auteur de l'entretien a tenté d'éteindre la polémique. Selon lui, le terme «déporter» n'a pas été utilisé. «Je n'ai pas cherché la polémique, mais on ne peut pas la désamorcer parce que déporter est à la place de "mettre sur des avions ou bateaux"», écrit-il sur son compte Twitter. Zemmour, lui, estime qu'il n'y a pas lieu à polémiquer. «Je regrette le drame qui va venir, je ne le souhaite certainement pas», a-t-il réagi à propos de l'éventuelle guerre civile dont il a parlé.