Alors que Mohamed Abdelaziz est en Espagne pour une réunion du réseau européen de soutien au Polisario, les marches de protestations à Tindouf se poursuivent. Le mouvement commence même à dépasser l'affaire de la «fuite» de Mahjouba pour exiger des réformes politiques et sociales. Des revendications déjà portées par le Mouvement du 5 mars 2011, né dans le sillage du «Printemps arabe». Les mouvements de contestations dans les camps de Tindouf ne faiblissent pas. Mais alors qu'au début les marches et protestations devant le quartier général de Mohamed Abdelaziz à Rabouni concernaient la «fuite» de Mahjouba, aujourd'hui elles ont revêtu un caractère social et politique. Les manifestants ont d'ailleurs adressée une lettre à l'opinion publique pour expliquer leurs revendications. Leur initiative a pour but de clarifier les raisons de leur mouvement. Ils répondent ainsi à des médias du Front qui les accusent d' «intelligence avec l'ennemi marocain». Réviser la gestion qui a prévalu pendant presque quatre décennies Le texte, auquel Yabiladi a pu avoir accès, a évité de mettre davantage d'huile sur le feu. Néanmoins sa teneur ne souffre pas de la moindre équivoque. Il s'agit bien d'un réquisitoire contre la direction du Polisario qui pointe notamment du doigt la mauvaise gestion des affaires des sahraouis dans les camps. Les auteurs du message appellent à une «révision» des méthodes de gouvernance que leurs responsables adoptent depuis 38 ans. Les griefs des manifestants portent également sur les «dépassements et les exactions commises par l'administration». Cette revendication est en phase avec celles déjà formulées par des habitants des camps dans les enregistrements vidéo «une minute pour la vérité». Réviser à la baisse le nombre des milices La lettre demande aussi une «révision à la baisse» du nombre des milices du Polisario destiné à la «sécurisation» des camps pour qu'il soit conforme avec la réalité sur le terrain. La violente répression des manifestants, durant les deux dernières semaines, a montré que ses milices étaient trop nombreuses et surtout qu'elles ont dévié de leur objectif initial selon les protestataires. Les marcheurs réclament, par ailleurs, de l'emploi pour les jeunes. La lettre n'oublie pas d'aborder la question des détenus arrêtés pendant et après les sit-in de contestation devant le QG du Polisario. Le message exige leur libération immédiate et appelle la direction à les indemniser. Il reste encore environ sept jeunes sahraouis dans les prisons du Front.