Après dix jours de silence, la direction de l'université Al Azhar a décidé de suspendre le cheikh Youssef Aïd. Une suspension provisoire destinée à calmer les oulémas du Maroc. Le Caire souhaite clore la page de la controverse sur la célébration au Maroc de l'Aïd El Kébir le dimanche 5 octobre et non le samedi comme l'Arabie saoudite. L'université Al Azhar, sous la tutelle directe de l'Etat, depuis le 19ème siècle, a suspendu hier l'auteur de la fameuse fatwa, le cheikh Aïd Youssef, de ses fonctions de secrétaire de la division des Fatwas au sein d'Al Azhar. Une mesure prise par le directeur de l'établissement, Abbas Shauman, rapporte des médias égyptiens. Néanmoins, il ne s'agit nullement d'une révocation mais juste une décision politique destinée à calmer l'opposition des oulémas au Maroc. Il faut en effet ménager un pays comme le Maroc qui fût l'un des premiers pays, aux côtés de l'Arabie saoudite et les Emirats, à reconnaître la destitution de l'ancien président, démocratiquement élu, Mohamed Morsi des Frères musulmans, par l'armée égyptienne, conduite alors par le général Abdelfatah Al Sissi, Une suspension provisoire en attendant que l'orage passe Par ailleurs, Abbas Shauman ne ferme pas pour autant la porte à un retour de Youssef Aïd. Celui-ci a toutes les chances d'intégrer de nouveau la division des fatwas. Pour ce faire, il lui suffira juste l'accord de son supérieur hiérarchique, chose qui ne devrait guère causer de problèmes. A l'instar de la journaliste Amany Al Khayyat, qui a réussi à rebondir sur une autre chaîne avec un nouveau programme, après des propos offensants le Maroc et les Marocains, Youssef Aïd devra patienter avant de se retrouver son titre, le temps que l'orage passe et que sa bourde soit oubliée au Maroc. La suspension décrétée, hier, par le directeur de l'université Al Azhar ne concerne que Aïd Youssef. En revanche, aucune mesure n'a été prise contre les deux autres enseignants qui l'ont soutenu dans ses divagations. Il s'agit du religieux Mohamed Echahat El Jondi et de Ilham Chahine, enseignante la religion et la philosophie. Le premier estimait, dans des déclarations à des médias locaux, que la célébration par les Marocains de l'Aïd El Kébir, vingt-quatre heures après l'Arabie saoudite, était illégale et ne s'appuyait sur aucun fondement théologique. Quant à la deuxième, elle attribuait l' «exception» marocaine à la «laïcité», très répandue au royaume. Un contexte qui favorise, selon elle, l' «ignorance» des préceptes de l'islam.