Les 17 migrants qui sont montés à bord d'un bus à destination de l'aéroport Mohammed V de Casablanca pour être expulsés vers leur pays d'origine, ont été ramenés au commissariat de Tanger. Lundi 15 septembre, 11 Sénégalais ont été expulsés, et 7 autres les ont probablement rejoint le lendemain. [article mis à jour jeudi 18 septembre] Le Maroc est-il en train d'adopter une nouvelle politique d'expulsion vis-à-vis des migrants subsahariens irréguliers ? «17 migrants subsahariens […] viennent d'être embarqués dans un bus à destination de l'aéroport Mohammed V de Casablanca pour être expulsés», annonçait ce soir, mardi 16 septembre, un communiqué Groupement associatif pour la défense des droits des migrants (Gadem), avant de révéler, quelques heures plus tard, qu'ils viennent d'être ramenés au commissariat de Tanger où ils sont toujours détenus. Un premier groupe de 18 personnes, essentiellement sénégalaises, a toutefois déjà été expulsé en début de semaine. «Notre première crainte est que ces expulsions marquent le début d'une nouvelle période où les migrants irréguliers ne seront plus expulsés à la frontière algérienne ou mauritanienne, comme par le passé, mais par avion, dans leur pays d'origine», signalait, pessimiste Camille Denis, membre du groupement associatif Gadem pour la défense des droits des migrants, le 10 septembre. Elle réagissait alors aux expulsions d'un vingtaine de Sénégalais en situation irrégulière par avion vers le Sénégal après avoir été condamnés pour avoir participé aux manifestations liées à l'assassinat de Charles Ndour, à Boukhalef, quartier périphérique de Tanger. Le ministère de l'Intérieur marocain est peut être en train de lui donner raison. «11 personnes ont été renvoyées au Sénégal dès lundi 15 septembre. Leur arrivée au Sénégal a été confirmée par une des personnes du groupe», révèle le communiqué du Gadem. 7 autres les ont probablement suivis le lendemain. «Nous avions un contact téléphonique avec eux, jusqu'à ce qu'ils nous disent qu'on les forçait à embarquer, après le contact a été rompu», détaille Stéphane Julinet, membre du Gadem. Un an d'accalmie Depuis septembre 2013, et le lancement de la nouvelle politique migratoire marocaine, les expulsions hors du Maroc de migrants subsahariens avaient cessé. De même, début 2014, les rafles de migrants subsahariens à Tanger avaient pris fin. Seules persistaient les arrestations au niveau de migrants tentant de franchir la frontière espagnole de Sebta et Mellila. Elles ne donnaient plus lieue, depuis précisément un an, qu'à des déplacements forcés du nord vers le centre du pays. Aujourd'hui, le Maroc semble vouloir reprendre les expulsions mais ne dirige plus les migrants vers l'Algérie ou la Mauritanie comme par le passé, mais vers leurs pays d'origine directement par avion à la façon des pays européens. La comparaison s'arrête là : ces personnes ont été jugées sans interprètes ni avocats, il ne leur a pas été donné la possibilité de faire appel, enfin, «les seules sanctions pénales prévues pour le délit d'émigration irrégulière (par l'article 50 de la loi 02-03) sont la prison et l'amende, en aucun cas "l'éloignement" du territoire. Comment un juge peut-il condamner des personnes à une peine qui n'existe pas ?», s'interroge le Gadem dans son communiqué. «Désormais, le message semble être : tous ceux qui tenteront de franchir le detroit seront arrêtés et expulsés dans leur pays d'origine», analyse Stéphane Julinet.