Hier, Moussa, un jeune Sénégalais vivant à Tanger, poursuivi par la police, est mort défenestré. Les rafles contre les Subsahariens soupçonnés de vouloir passer irrégulièrement en Espagne, ont repris dans la ville du détroit. Vers Nador, elles n'ont même jamais cessées. La trêve n'aura pas été très longue pour les migrants irréguliers de Tanger. Hier matin, jeudi 10 octobre, plusieurs sources concordantes associatives et directes, affirment que Moussa, un jeune Sénégalais de 22 ans est mort défenestré par la police ou à cause d'elle, dans le quartier de Boukhalef, qui rassemble une forte communauté de Subsahariens. L'annonce d'une nouvelle politique migratoire marocaine pour une approche «globale et humaniste», début septembre, avait pourtant laissé croire que les droits des migrants irréguliers seraient mieux respectés. Moussa, en situation régulière selon ses amis, habitait dans un appartement qu'il partageait avec 7 amis. La police est arrivée vers 6 ou 7 heures du matin pour interpeller ou chasser les habitants, supposés être des migrants irréguliers en partance pour l'Europe via Gibraltar, de l'appartement. Tous les occupants ont alors tenté de prendre la fuite, mais Moussa a été rattrapé et quelques minutes plus tard il passait par la fenêtre du 4e étage. Ses amis accusent les policiers de l'avoir défenestré volontairement, mais aucun témoin direct ne peut l'attester. Il est également possible qu'il se soit jeté de lui-même dans le vide dans l'espoir d'échapper à la police. Transporté en urgence à l'hôpital Mohammed V de Tanger, il serait mort, en fin de matinée. 4 morts connus depuis janvier Ce dernier décès porte à 4 le nombre de morts connus par la presse marocaine depuis le début de l'année. La trêve opérée par les forces marocaines, à Tanger, suite à la publication du rapport du CNDH appelant à une refonte de la politique migratoire au Maroc n'aura finalement duré qu'un mois. «Depuis ces évènements, les policiers ne venaient plus nous chasser tous les jours des appartements comme ils le faisaient auparavant mais depuis deux jours, ils ont recommencé», témoigne Aboubakar*, un autre habitant du quartier Boukhalef de Tanger. Les interpellations de Subsahariens viennent de reprendre sans plus de respect pour les droits individuels que par le passé. «Des 'frères' ont été pris et dont nous sommes restés sans nouvelles jusqu'à hier. Aujourd'hui, je viens d'apprendre que 50 d'entre eux ont été emmenés en bus par la police sans savoir où. Ce qui est très inquiétant c'est qu'elle leur a pris leur passeport», s'alarme Aboubakar. Gourougou : 2 bases des forces auxiliaires La trêve d'un mois dont a bénéficié le quartier de Boukhalef, à Tanger n'a pas bénéficié à d'autres régions du Maroc. Du côté de Nador, avec ou sans déclaration du palais royal, rien n'a changé selon les associatifs qui interviennent localement pour aider les migrants. «Les forces auxiliaires ont continué à ratisser la forêt de Gourougou [au dessus de Melilla, elle abrite les migrants qui veulent tenter de travers la frontière avec l'enclave espagnole, ndrl] deux fois par jours pour détruire les campements des migrants», témoigne Stéphane Julinet, chargé de programme droits des étrangers et plaidoyers, pour le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM). Pire, il a pu observer directement que la répression contre les migrants irréguliers, dans cette zone, augmente. «Depuis le 30 septembre, les forces auxiliaires ont installés une base permanente, sur la placette qui donne accès à la forêt, où était installé MSF à l'époque où elle intervenait au Maroc», rapporte-t-il. Mardi 8 octobre, une seconde base a été installée, «près de la source où les migrants viennent s'approvisionner», précise Stéphane Julinet. Régulièrement, des dizaines d'entre eux sont interpelés et éloignés de la frontière espagnole en direction d'Oujda. Témoignage de l'un des colocataires de Moussa * Le nom a été changé