Pire encore, plusieurs dizaines de migrants, partis en cortège clamer leur douleur et leur indignation, ont été arrêtés. 26 d'entre eux ont été jugés en urgence, en moins de 72 heures et condamnés à un mois de prison avec sursis et 1000 dh d'amende. Mais au lieu d'être libérés, vingt d'entre eux ont été expulsés, par l'aéroport de Casablanca, tandis que six autres, détenus dans les sous-sols de cet aéroport, après avoir menacé de déclencher une grève de la faim pour protester contre leur détention et les mauvais traitements qu'ils subissent, ont finalement été libérés. Loin des effets d'annonce de la nouvelle politique en matière de migration, selon laquelle le gouvernement marocain s'engageait à une approche humanitaire de la question migratoire, au respect du droit d'asile et à la régularisation des sans-papiers, l'année qui vient de passer s'est soldée par la mort de 6 migrants subsahariens, à la suite d'agressions racistes ou d'interventions policières, par la multiplication des agressions, par des déportations massives, notamment depuis le Nord vers le centre du Maroc, par la poursuite des expulsions, créant un climat de terreur, notamment dans le Nord du Maroc et autour des enclaves de Ceuta et Melilla. Nouvelle politique migratoire ? Parallèlement l'opération de régularisation avance à une lenteur d'escargot et n'a permis qu'à très peu de migrants, à ce jour, d'obtenir des titres de séjour, tandis que le HCR lui-même tirait la sonnette d'alarme sur la façon dont les autorités marocaines géraient le dossier des demandeurs d'asile. C'est dans ce contexte délétère que s'est déroulé ce crime odieux et barbare, qui reflète une haine raciste dont l'Etat marocain porte la responsabilité, par la violence qu'il exerce lui-même à l'encontre de la communauté migrante subsaharienne, plongée dans une situation d'indigence et de non-droit. C'est pourquoi nous tenons ici à présenter nos condoléances à la famille et aux amis de la victime, Charles Ndour ainsi qu'à toute la communauté sénégalaise et subsaharienne résidant au Maroc. Nous condamnons ce nouveau crime raciste et barbare et demandons l'ouverture d'une enquête sérieuse et approfondie qui permette d'identifier les coupables et leurs commanditaires et de les présenter à la justice. Nous condamnons l'attitude du gouvernement marocain et des forces de l'ordre qui loin de protéger une communauté en butte au racisme, la maintient lui-même dans la violence et le non-droit. Nous l'exhortons au respect de l'ensemble des textes internationaux dont il est signataire. Non dénonçons toute forme de racisme, discrimination et exclusion et réaffirmons notre attachement aux valeurs du dialogue interculturel, de la solidarité et du respect des droits humains, de la dignité et l'intégrité de toute personne résident sur le territoire marocain, quelles que soient sa nationalité, sa religion ou sa couleur. Nous appelons l'ensemble des organisations démocratiques et des citoyens à se joindre au sit-in qui sera organisé le jeudi 11 septembre 2014 à 18h devant le Parlement et à la caravane de solidarité qui sera organisée postérieurement à Tanger. Associations signataires ALECMA, AMDH (Maroc), AMDH (Mauritanie), A.S.M. Afrique Survie Migration, Association des Réfugiés Sans Frontières (Cameroun), ATTAC/CADTM Maroc, Conseil des Migrants Subsahariens au Maroc, Conseil des migrants de France, Joint Action for those Forced to EMigrate (JAFEM), Organisation de la diaspora africaine (Pays-Bas), Papiers pour tous, SOS Migrants (Belgique), Stiftung : do (Hambourg). Visiter le site de l'auteur: http://www.attacmaroc.org