Plusieurs organisations de la société civile, marocaines et étrangères, ont qualifié de "chasse à l'homme noir" et de "violation des principes du droit international", l'expulsion collective des migrants subsahariens d'Algérie, demandant aux autorités algériennes de cesser "le ciblage raciste des noirs, non-ressortissants établis sur le territoire Algérien". "Ces expulsions constituent une discrimination raciale basée sur la couleur de la peau ainsi que sur l'origine nationale et constituent une violation des engagements internationaux et continentaux de l'Etat algérien", relèvent dans un communiqué collectif ces organisations, des associations marocaines, subsahariennes et européennes, oeuvrant dans le domaine de la protection des droits des migrants. Réagissant aux images de centaines de personnes non ressortissantes, de couleur noir, conduites dans des bus et rassemblées dans le sud de l'Algérie, diffusées par plusieurs sources concordantes, ces ONGs exigent des autorités algériennes de procéder à la libération des personnes encore séquestrées dans les zones de détention et permettre aux personnes expulsées illégalement de revenir dans les villes où ils vivaient. Elles appellent aussi à l'ouverture d'enquêtes pour sanctionner les responsables des violences subies par les personnes non ressortissantes de couleur noir, "que ce soit de la part de jeunes délinquants Algériens ou de responsables de l'administration ayant déclenché ce ciblage raciste". Les Organisations signataires du communiqué demandent également aux autorités algériennes d'amorcer un processus d'élaboration d'une politique publique anti-discriminatoire et inclusive qui permet la protection des non-ressortissants et la promotion de leurs droits fondamentaux, appelant à ce que cette politique soit conforme aux dispositions de la convention internationale sur la protection de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles et de celle relative à la lutte contre toutes les formes de discrimination raciste. Elle demandent également aux ambassadeurs des pays de l'Union Africaine et aux instances de cette Union de saisir les autorités algériennes afin que toute la lumière soit faite sur ces violations graves et que des mesures soient prises pour que de telles pratiques ne se répètent plus et interpellent le rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants ainsi que le Haut-commissariat aux réfugiés, afin d'amorcer un suivi avec les autorités algériennes pour la mise en œuvre des mesures nécessaires au respect des traités et conventions internationales relatives à la protection et la promotion des droits des migrants, demandeurs d'asile et réfugiés. De centaines de personnes non-ressortissantes de couleur noir, dont des femmes et des hommes, ont été conduites en bus vers le sud de l'Algérie, rassemblés dans une concession entourée par une enceinte, au niveau de la zone de Tamanrasset, avant d'être expulsés vers la frontière avec le Niger, indique la même source, précisant qu'"une partie de ces personnes sont bloquées à Tamanrasset, sans possibilité pour elles de faire valoir leurs droits de recours contre les décisions administratives illégales, arbitraires et discriminatoires, à l'origine de ces expulsions". "Aucun contrôle juridictionnel ne semble avoir été rendu effectif pour permettre aux personnes ainsi expulsées de contester, devant une juridiction indépendante, ces décisions arbitraires", relèvent les signataires du communiqué, qui dénoncent l'attitude de l'administration algérienne qui "se comporte de manière discriminatoire et raciste envers ces personnes", dont "la couleur de la peau et l'origine nationale semblent constituer la base du ciblage sur lesquels s'appuient les autorités algériennes dans la conduite de ces expulsions collectives". Les ONGS signataires rappellent que ces expulsions illégales, qui sont interdites par le droit international, ont été accompagnées, dans les villes d'Alger, de Béchar et de Ouargla, par des violences ciblant des personnes non-ressortissantes, précisant que plusieurs témoignages et documents filmés montrent des jeunes algériens entrain de tabasser des migrants dans les rues. "Cette chasse à l'homme noir, ne semble pas avoir été sanctionnée par les autorités algériennes. De même, aucune information sur d'éventuelles enquêtes visant les jeunes délinquants algériens impliqués dans ces violences, n'a été annoncée par les autorités d'Alger et des autres villes ayant connu ces dramatiques évènements", dénoncent ces ONGs, dont l'Association pour la promotion et l'intégration des migrants au Maroc (APIMA), l'Association lumière sur l'émigration au Maroc (ALECMA), Aide Fédération, l'Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF), l'Organisation alternatives pour l'enfance et la jeunesse, l'ODT-I (Travailleurs immigrés), le Collectif des communautés subsahariennes au Maroc, le Centre Marocain pour le droit d'accès à l'information (CEMDI), le collectif Papier pour Tous, la Fondation Orient Occident, l'Immigration Démocratie et Développement (IDD-France), Bouchbouk monvillage (Mali) et le Groupe Antiraciste d'Accompagnement et de Défense des Etrangers et Migrants (GADEM).