Quelques heures après la publication de son cri à l'injustice sur les réseaux sociaux, Lalla Hasna El Alaoui, victime, elle et son enfant, d'un mariage par la «Fatiha», a été convoquée par la police judiciaire de la préfecture d'Aïn Chock à Casablanca. Sur place, celle-ci s'est faite arrêter et accuser de fornication. Détails. Il y a quelques jours, une jeune Casablancaise, Lalla Hasna El Alaoui, victime avec son enfant d'un mariage par la «Fatiha» a lancé un cri à l'injustice à travers une vidéo publiée sur Youtube, partagée massivement sur les réseaux sociaux. Celle-ci raconte l'histoire de son mariage "religieux" avec un homme, qui a fini par l'abandonner, elle et son fils âgé d'un an et demi, en refusant de reconnaître ce dernier. La jeune femme aurait frappé à toutes les portes pour réclamer ses droits, en vain. Quelques heures après la publication de la vidéo en question, la victime a été convoquée et arrêtée, lundi 1 septembre, par les éléments de la police judiciaire de la préfecture d'Ain Chock où elle a déposé sa plainte. Elle est accusée, elle et celui qu'elle considère comme étant son mari, de fornication «zina», un acte puni par la loi marocaine. L'article 490 du code pénal marocain prévoit, en effet, une peine d'un mois à un an de prison pour toute relation sexuelle en dehors du mariage entre deux personnes adultes. Ledit couple a été placé en garde à vue et sera présenté, ce mercredi devant le procureur du roi. Un mariage par la «Fatiha» sans aucune autre forme de légalisation Selon un témoin proche de ladite victime ayant suivi de très près son affaire, contacté par Yabiladies, Lalla Hasna El Alaoui s'était mariée à cet homme -qui la prend pour seconde femme- par la lecture de la «Fatiha», sans aucune autre forme de légalisation auprès des instances civiles officielles, tout en espérant que leur union sera légalisée après leur mariage. Cette union religieuse a vu, comme toutes les autres, la présence de 5 témoins. Le couple vivait dans un appartement que le mari avait loué pour sa femme et ont eu un enfant, âgé aujourd'hui d'un an et demi, nous apprend Samir Bradley. Après des années de vie commune, le mari aurait mis Hasna et leur enfant à la rue en refusant d'établir sa paternité. Elle se retrouve ainsi sans protection par aucune loi. La seule preuve qu'elle a entre les mains serait "un acte de reconnaissance de paternité" que son mari avait obtenu auprés d'un bureau d'Adoul en présence de deux témoins, le 12 juin 2013. Peut-on parler de fornication ? Le mariage par la lecture de la Fatiha était monnaie courante au Maroc. La ministère de la Justice avait lancé une campagne de sensibilisation pour la régularisation des actes de mariage en 2011 et ce après une réforme de l'article 16 du Code de la famille en 2004, qui stipule que «l'acte de mariage est la seule preuve légale de l'union conjugale et que toute action en reconnaissance de mariage est recevable pendant une période transitoire de cinq ans, à compter de la date d'entrée en vigueur de la Moudawana». S'il s'agit d'un mariage religieux qui a vu la présence de plusieurs témoins et que Hasna dispose d'un "acte de reconnaissance de paternité" délivré par un bureau d'Adoul, le motif de l'arrestation du couple serait-il valable ? La jeune femme devait-elle être arrêtée et placée en garde à vue ?