Quelques heures après l'appel du roi Mohammed VI pour une relance de l'Union du Maghreb arabe, Alger a réagi par la voix de son ministre des Affaires étrangères. Le diplomate a évité d'aborder la question des frontières terrestres fermées depuis 20 ans pour s'étaler sur celle du Sahara. La réaction algérienne à la partie du discours du roi Mohammed VI lors de la fête du Trône consacrée à la fermeture des frontières, a été rapide. Ne dérogeant pas à la règle, Alger a une nouvelle fois, rejeté l'offre marocaine de dépasser les désaccords et de s'engager dans la construction du Grand Maghreb. Dans la soirée de mercredi, le chef de la diplomatie, Ramtane Lamamra est apparu sur la chaîne Ennahar TV pour présenter la version de son pays. Le Sahara éclipse l'appel à la réouverture des frontières Bien que le roi Mohammed VI ait évité d'aborder la question du Sahara, préférant se focaliser sur le problème des frontières et les initiatives lancées par le royaume depuis six ans en vue d'un règlement à cette crise, Lamamra a fait du premier point son cheval de bataille. Cela est tout de même compréhensible car il s'agit là du principal argument d'Alger pour expliquer le statut qui prévaut depuis 1994, une situation d'exception dans le monde. Tout en réaffirmant l'«engagement [de son pays] en faveur de l'établissement de relations bilatérales normales avec le Royaume du Maroc frère et de l'édification de l'Union du Maghreb arabe», Lamamra a appelé au «respect de la légalité internationale et le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination». Le ministre des Affaires étrangères a répété que «la position de l'Algérie vis-à-vis de la question sahraouie est saine et juste» ajoutant qu' «il s'agit d'une position partagée avec d'autres peuples à travers le monde». Lamamra répond à Mezouar L'entretien accordé à la chaîne Ennahar TV a permis, également, au chef de la diplomatie algérienne de revenir sur les propos de Salaheddine Mezouar, accusant notamment l'Algérie d'être «le premier adversaire du Maroc» et de mener «de médiocres manœuvres» sur le dossier du Sahara occidental. «Nous ne pensons pas que des agissements irréfléchis et irresponsables émanant de certaines parties dans le pays frère vont changer la position de principe de l'Algérie», a conclu Lamamra. Cette intervention se démarque de la réaction sur le même sujet, la semaine dernière, de Abdelaziz Belkhadem, le ministre d'Etat et conseiller spécial du président Bouteflika, à la fois très hostile et très populiste vis-à-vis du royaume. Contrairement à son collègue du gouvernement algérien, Ramtane Lamamra est restée mesurée et très diplomate.