A Tlemcen, deux candidats aux présidentielles en Algérie ont évoqué la réouverture des frontières terrestres avec le Maroc. Une première. Toutefois, ce message est destiné exclusivement à séduire une population locale ayant des liens historiques et familiaux très étroits avec le royaume. Bien que la question ne soit pas au cœur des priorités du scrutin du 17 avril, la réouverture des frontières terrestres avec le Maroc commence à se frayer son tout petit chemin. Jusqu'à présent, seul deux candidats ont soulevé cette question à l'occasion de meetings électoraux organisés séparément à Tlemcen. Il s'agit de Abdelaziz Belaid, du Front de l'Avenir, une formation qui regroupe des cadres de la jeunesse au discours très critique, notamment sur les questions des droits de l'homme, et Mme Louisa Hannoune, du parti des travailleurs, une habituée de ces élections. Pour sa deuxième tentative en 2009 après celle de 2004, elle avait d'ailleurs réussi à arracher la seconde place avec 4,22% des suffrages, mais il faut le dire très loin derrière Abdelaziz Bouteflika et ses 90,24%. Des engagements pour mettre un terme au statut quo Dans l'ensemble les grands médias locaux qui roulent pour le compte du clan Bouteflika ou pour ceux proches d'Ali Benflis, à l'exception d'El Watan, n'ont pas accordé d'attention particulière aux déclarations des deux prétendants à la fonction de la magistrature suprême en Algérie. De Tlemcen, Abdelaziz Belaid a appelé à l'urgence du lancement d'un dialogue entre le Maroc et l'Algérie afin de dépasser les problèmes entravant le processus de la réouverture des frontières terrestres. Le candidat a précisé, devant ses fidèles, que les deux voisins ne sont pas des ennemis. Même son de cloche auprès de Mme Louisa Hannoune. La secrétaire général du parti des travailleurs, toujours à Tlemcen, s'est engagée en cas de sa victoire aux présidentielles du 17 avril à mettre un terme au statut quo qui prévaut depuis août 1994. «L'Algérie a besoin, plus que jamais, de lever les barrières avec le voisin du Maroc afin que nous puissions désamorcer les bombes à retardement qui visent les pays arabes», a-t-elle promis. Deux discours spécialement pour séduire l'électorat de Tlemcen Les deux discours prônés par Mme Hanoune et Mr Belaid sont principalement destinés à séduire la population de Tlemcen qui a des liens très étroits avec le Maroc. Une ville que seuls 76 km séparent d'Oujda. La ville a été longtemps sous la domination des dystasies régnant sur le Maroc : Idrissides, Almoravides, Almohades. La ville devint ensuite, la capitale du royaume Zianide et tombera à plusieurs reprises sous l'escarcelle de la dynastie marocaine des Mérinides. Elle finira ensuite par être contrôlée par les Ottomans sous la Régence d'Alger avant de tomber, en 1842, définitivement entre les mains de la France. La défaite du sultan Moulay Abderrahman lors de la bataille d'Isly, août 1844, contre les troupes françaises n'a fait qu'officialiser cette réalité par le biais du traité de Lalla Maghnia, conclu le 18 mars 1845, traçant les frontières entre les deux pays. A l'époque de nombreuses familles de Tlemcen avait préféré s'installer à Fès et Marrakech au lieu de vivre sous la colonisation française. Dans ce contexte, l'évocation du dossier de la réouverture des frontières terrestres s'avère être une tactique de campagne électorale en vue de glaner quelques voix de plus. D'ailleurs la solution à cette question ne dépend pas uniquement de la seule volonté du locataire du palais d'El Mouradia. D'autres impératifs très influents entrent effectivement en jeu.