Le Maroc tente de récupérer le terrain perdu en Grande Bretagne, au profit du Polisario. Cette semaine, il a invité quatre députés anglais. La riposte du Polisario ne s'est pas faite trop attendre. Le Front a mobilisé ses soutiens à la Chambre des communes pour dépêcher, dans les camps de Tindouf, deux parlementaires et un président d'une association, totalement acquise au Polisario. La Grande Bretagne est le nouveau terrain de concurrence entre le Maroc et le Polisario. Chacune des parties en conflit tente de rallier à sa cause le maximum de députés britanniques. Cette semaine a connu la visite, de trois jours, au royaume d'une délégation de députés anglais, composée de Fabian Hamilton (parti travailliste, opposition) et de Nigel Evans, Derek Conway et James Duddridge (des conservateurs, majorité). Ils ont eu des rendez-vous très importants avec des membres du gouvernement. Le mardi 11 février, ils ont pris langue avec le ministre de l'Industrie, du commerce, de l'investissement et de l'économie numérique, Moulay Hafid Elalamy. Le lendemain, au siège du ministère des Affaires étrangères, les parlementaires ont eu des entretiens avec la n°2 de la diplomatie marocaine, Mbraka Bouaida. Les amis britanniques du Polisario ripostent Du 14 au 17 février, deux membres de la Chambre des communes, faisant partie du groupe parlementaire multipartite sur le Sahara occidental, effectuent un déplacement dans les camps de Tindouf. La délégation est conduite par Jeremy Corbyn, député du parti travailliste et Mark Williams, du parti libéral-démocrate, et compte également la présence de John Hillary, président de l'ONG britannique War on Wantet. Cette association au même titre que les deux parlementaires cités plus haut sont de fervents partisans du Polisario en Grande Bretagne. Ainsi, chaque fois que le Conseil de sécurité examine le dossier du Sahara occidental, ce groupe écrit aux autorités britanniques pour qu'elles soutiennent un élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme dans la région sous contrôle marocain. Par ailleurs, il ne manque à la délégation que Stefan Simanowitz de l'ONG Free Western Sahara Network, Danielle Smith Sandblast et Sara Eyckmans du Western Sahara Resource Watch, pour compléter la liste des habituels soutiens du Front. De retour à Londres, Jeremy Corbyn et Mark Williams tiendront, le 25 février, un point de presse pour la présentation d'un rapport sur leur visite dans les camps de Tindouf. Londres est plus proche du Polisario que du Maroc Force est de constater qu'en Grande-Bretagne, les amis de Mohamed Abdelaziz ont une longueur d'avance sur les Marocains. Londres était, avec Washington en 2013, le seul pays membre permanent au Conseil de sécurité, favorable à un élargissement du mandat de la Minurso. Sous la pression française puis américaine, les Britanniques se sont gardés de lézarder cette unanimité sur un dossier qui ne représente pas, pour eux, une si grande valeur stratégique. Par ailleurs, les visites des conseillers politiques de l'ambassade britannique à Rabat au Sahara se caractérisent toujours par de brèves rencontres de courtoisie avec les autorités locales alors que le plus clair du temps est accordé aux représentants des associations proches du Polisario. Un autre indicateur attestant de la proximité entre le Front et Londres.