Benito Cazal, directeur général de Indo Maroc, multinationale spécialisée dans la fabrication de verres optiques, basée à Tanger, s'exprime sur l'impact de l'arrivée des Marocains du monde sur son activité. - Yabiladi : L'arrivée massive des MRE, a-t-elle une incidence sur votre activité? - Benito Cazal : Oui, Août est notre mois de plus forte activité. Nous produisons 30% de plus de verres que la moyenne du restant de l'année. - Comment expliquez-vous cet engouement? - Le marocain, résidant en Europe, sait qu'il peut acquérir ses verres optiques au Maroc à un meilleur prix qu'en Europe. Néanmoins, dans la plupart des cas, justement parce qu'il vit en Europe, le MRE n'est pas disposé à faire des concessions sur la qualité de ce qui va lui permettre de jouir d'une meilleure acuité visuelle pendant deux à trois ans en moyenne. Il veut payer moins cher, mais exige une qualité répondant aux standards internationaux. Notre atout, c'est d'être la seule multinationale du secteur à être installée au Maroc et à y produire des verres. Ce qui n'est pas pour déplaire aux professionnels de l'optique. De plus, nos prix sont plus bas qu'en Europe car ils sont adaptés au marché local, et, de facto, la demande est plus forte sur l'activité des opticiens qui passent davantage de commandes à cette époque-là de l'année. De fait, ils peuvent offrir la qualité exigée par les MRE à des prix en adéquation avec leurs attentes. - Durant la période estivale, votre société met-elle en place une stratégie "Force de vente" ciblée MRE? - Nous n'avons aucune stratégie ciblée MRE car le porteur de verres de correction n'est notre client que de façon indirecte. Notre véritable client, c'est l'opticien. En conséquence, nous restons tournés vers lui. Peut-être serait-il judicieux de communiquer sur notre promotion du moment ? En effet, tout au long de l'été, nous proposons à tous les opticiens du Royaume une promotion exceptionnelle pour l'achat de certains de nos verres progressifs et nous offrons une paire de progressifs solaire gracieusement. Ce qui est exceptionnel, c'est que la paire de progressifs offerte est de même géométrie et de même qualité que la paire payée, ce qui est très rare. En outre, nos concurrents offrent, en général, des deuxièmes équipements de bas de gamme. - Compte tenu de cette spécificité (2,7 millions de MRE transitent durant l'été), envisager-vous de mieux vous organisez pour faire face à ce flux humains et...financiers? - Nous ne nous sentons pas désorganisés. Nous couvrons amplement la demande. Le seul aspect compliqué à gérer, c'est le caractère d'urgence qu'on beaucoup de demandes de la part des Marocains du monde. Pour la plupart, ils attendent souvent les derniers jours pour réaliser leurs achats. Or, les verres optiques, notamment les verres progressifs et ceux qui sont traités anti-reflets ou solaires, ne sont pas toujours accessibles immédiatement. 24 heures à 72 heures sont nécessaires pour les acheminer chez l'opticien, puis celui-ci doit les «meuler». Un conseil, ne pas attendre pas le dernier moment ! - Et enfin, étant donné que la majorité des MRE "transitent" par le port de Tanger, cela se traduit-il par une suractivité des points de ventes basées à Tanger, plus importants que ceux basés à Casablanca, Rabat où Marrakech? - Ceux ne sont pas les MRE en transit qui sont clients. Les opticiens de Tanger ne travaillent pas avec les Marocains du monde de passage, mais avec ceux qui restent sur place. Quant à Casablanca, elle n'est pas une ville de destination typique pour les MRE. D'ailleurs, il faut savoir que la capitale économique est une des villes où les ventes n'augmentent pas durant la période estivale. Au contraire, durant cette période de l'année, la ville se vide et certaines boutiques décident même d'observer un repos.