Coup de théâtre. Alors qu'il y a quelques semaines Fatima Houda-Pepin s'opposait avec force à son groupe politique en se déclarant favorable à la Charte des valeurs, l'élue libérale d'origine marocaine vient de rentrer dans le rang. Elle ne manque pas d'arguments pour défendre ses nouvelles convictions, mais reste peu convaincante quant aux raisons de ce changement. Détails. «J'ai été à l'école publique au Maroc, primaire, secondaire et à l'Université. Je n'ai jamais vu un foulard, ni parmi mes camarades de classe ni parmi mes enseignants», affirme devant la presse lundi matin Fatima Houda-Pepin, députée de La Pinière à l'Assemblée nationale du Québec, originaire de Meknès. Par ces mots, l'élu du Parti libéral (PLQ) défend sa nouvelle position sur la Charte des valeurs proposée par le gouvernement Marois et qui fait l'objet d'un houleux débat depuis quelques mois. En effet, après s'être ouvertement opposée à son parti en se proclamant haut et fort favorable à la charte à la mi-novembre, Fatima Houda-Pepin assure désormais y être défavorable. Le hijab, qui couvre uniquement les cheveux, est une «tenue vestimentaire traditionnelle. Le voile n'est pas un symbole religieux !», a-t-elle expliqué dans une entrevue accordée au Journal de Québec. La députée libérale se dit choquée par l'instrumentalisation du foulard par les intégristes qui «réduisent l'islam à ce fichu». Pourquoi ce changement ? Pour rappel, le PLQ s'est toujours opposé à toute interdiction de porter des signes religieux, quels qu'ils soient, si le visage est découvert. Son chef, Philippe Couillard, avait d'ailleurs averti qu'il faudra lui «passer sur le corps» avant d'adopter la Charte des valeurs, estimant que celle-ci institutionnalise une «discrimination à l'emploi». La sortie médiatique de Mme Houda-Pépin, il y a trois semaines, était si virulente qu'elle laissait même présager son éventuelle exclusion du parti. Du coup, la classe politique et la société civile assistent actuellement à un véritable coup de théâtre, puisque la députée dans une lettre parue aux médias exprimait avec force son opposition au port du voile dans les institutions de l'Etat. La presse canadienne a tenté de la sonder sur les raisons de ce changement de position. Mais l'élue s'est contentée de dire : «Un parti, c'est une grande famille. Je suis loyale à mon parti, loyale à mon chef, j'ai une divergence d'opinion, mais dans un parti, on devrait être en mesure de discuter des différents points de vue», fait valoir celle qui a osé sortir du rang libéral. Pas très convaincant. Radicalement opposée au niqab par contre … Toutefois, malgré son changement de position quant à la Charte des valeurs, Fatima Houda-Pépin estime que «le voile ne doit pas donner de droits supplémentaires aux femmes qui le portent». De plus, l'élue libérale ne cache pas son aversion pour le niqab, la burqa et le tchador. Pour elle, il s'agit de tenues «dégradantes pour les femmes» qu'il faut «rejeter catégoriquement».