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Libération de la Corse : Hammou Moussik, un ancien combattant marocain raconte
Publié dans Yabiladi le 03 - 10 - 2013

Demain, 7 anciens goumiers marocains survivant de la campagne de Corse seront décorés par le ministre français délégué des Anciens combattants, Kader Arif, pour la cérémonie anniversaire des 70 ans de la libération de la Corse. Parmi eux, Hammou Moussik, 95 ans, a accepté de nous raconter son histoire.
Droit, sans être raide, démarche souple, presque nonchalante, Hammou Moussik, 95 ans, détonne parmi les anciens goumiers marocains de l'armée française invités à la célébration des 70 ans de la libération de la Corse, en 1943. Hier, mercredi 2 octobre, en compagnie de 6 autres goumiers et du ministre français délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, il a pris l'avion pour l'île de beauté «dont on oublie souvent qu'elle a été le premier département français libéré lors de la seconde guerre mondiale», a rappelé le ministre. La dernière fois où Hammou Moussik a posé le pied sur le sol corse, il était goumier premier classe affecté au commandant Edouard Méric.
A 23 ans, celui qui n'est encore qu'un jeune homme sans femme ni véritable emploi quitte son village pour rejoindre la grande ville de sa région, Azilal où il s'engage dans l'armée française, au 60e goum. «A l'époque, c'était la guerre en France, tout le monde savait que les Français recrutaient, alors j'y suis allé», se souvient Hammou. Dans toute l'histoire du Maroc colonial, ils seront 90 000 Marocains à s'engager comme lui dans des combats au sein de l'armée française. Le royaume n'en compte aujourd'hui plus que 14 000.
Au service du capitaine
Ce n'est qu'un an plus tard, en 42, que le jeune goumier quitte le royaume pour la Tunisie. Là ont lieu les premiers combats des Alliés contre l'Allemagne nazie. «Nous manquions d'équipements, mais nous avons fait beaucoup de prisonniers allemands», se souvient l'ancien goumier. Soldat de deuxième classe, «j'étais au service du capitaine De Villeneuve, je m'occupais de son paquetage, de son lit ... Je lui apportais même de l'eau dans un casque pour faire sa toilette», détaille le vieil homme.
Lorsqu'il combat, c'est au côté du capitaine, en arrière, avec un mousqueton, un fusil qui tire au coup par coup. S'il est choisi pour son sérieux par ses supérieurs pour occuper ce rôle, ce n'est pas toujours une sinécure. Affecté auprès d'un autre commandant, par la suite, il refusera de rester à ses côtés «C'était un homme nerveux, dur, qui avait l'insulte facile», se rappelle-t-il.
Après la victoire en Tunisie, Hammou Moussik revient pour un congé d'un mois au Maroc, et puis c'est à nouveau le départ. Lui qui est alors le seul homme de la famille, quitte à nouveau sa sœur et sa mère. En train, il arrive à Sebdou en Algérie. Les Français ont rassemblé les armées dans la montagne pour y récupérer le ravitaillement et les équipements nécessaires envoyés par les Américains qui leur faisaient défaut jusque là. «Nos treillis étaient américains, nous avions simplement le drapeau français cousu sur l'épaule pour nous identifier», souligne-t-il. Dès le lendemain, le jeune goumier embarque sur un navire de guerre rempli de soldats à destination de la Corse. Il est débarqué le 22 septembre 1943.
«Les Allemands étaient au dessus de nous»
Il raconte que les soldats se divisent en deux groupes. «La 60e compagnie de goums est envoyée sur Ajaccio. Les soldats Italiens qui s'y trouvaient se sont immédiatement rendus sans combattre», assure-t-il dans un large sourire, encore amusé par une victoire si facile. Deux autres bataillons arrivent par la plage et commencent à monter sur les flancs d'une montagne. «La Corse, c'est que de la montagne !», tonne le vieil homme. Après une vingtaine de jour passés dans un village avoisinant, le 58e, la 59e et le 60e goums commencent l'ascension de la montagne où se sont retranchés les soldats allemands. Il n'y avait encore aucun combat. «Nous nous sommes arrêtés dans une vigne et nous avons mangé des raisins» se souvient même Moussik.
Les bons souvenirs s'arrêtent là. «Les Allemands étaient au dessus de nous, nous le savions et nous avancions lentement, en laissant 10m entre chacun de nous, par prudence», raconte-t-il. L'homme se rappelle sans effort de chaque détail, de chaque ami perdu au combat, de chaque date, 70 ans plus tard, comme si c'était hier. «Le premier à être tombé est un commandant français, une balle entre les deux yeux, indique-t-il, les bombardements aériens ont aussi fait beaucoup de morts parmi nous.» Ils seront tout de même les plus forts. Cernés de toute part par les bataillons de goumiers, les Allemands fuient vers Bastia où les attendent déjà d'autres soldats alliés «toujours des Marocains» précise Hammou.
L'Indochine
La campagne de Corse s'arrête là, avec la victoire des Alliés et des bataillons de goumiers, mais celle de Hammou Moussik dans l'armée française continuera jusqu'au bout. Après la Corse, il aborde l'île d'Elbe, puis Marseille, puis Toulouse, où il gagne le grade de première classe, puis Dijon, Belfort, l'Alsace où le froid manque de lui faire perdre ses pieds, puis l'Allemagne, une fois rétabli, jusqu'en Autriche enfin où sonne l'armistice. «Tout le monde criait «Ca y est, Hitler est mort ! Achtung, les Allemands tous caput», répète Moussik, dans un sourire. Il restera 18 mois en Allemagne avant d'être enfin démobilisé. 18 mois de paix «où les habitants étaient très gentils avec nous», se souvient-il. On est en 1947, lorsque le Marocain revoit enfin sa famille. Le temps de se marier, de faire un enfant, et Hammou est déjà reparti. Cette fois ce sera l'Indochine.
Aujourd'hui, ce vétéran est heureux et fier d'être invité en France pour être décoré, demain, vendredi 4 octobre, officier de la légion d'honneur. Il ne voit aujourd'hui aucune contradiction entre son engagement de 10 ans dans l'armée française et sa fierté sincère lorsque le Maroc a obtenu son indépendance contre cette même France, en 1956.


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