Au Raincy, en Seine-Saint-Denis, une salle de gym, réservée aux femmes et tenue par un couple musulman, fait polémique. Selon le maire de la ville, celle-ci ne respecte pas les règles de sécurité et entend par conséquent la fermer. Les propriétaires, eux, dénoncent un acte islamophobe. Une salle de gym, réservée aux femmes, située au Raincy, en Seine-Saint-Denis, ne plait pas à tout le monde. Inaugurée il y a à peine un mois, en septembre dernier, Orty Gym, qui propose entre autres des cours de fitness, de musculation, de zumba, salsa et de danse orientale, risque de refermer ses portes assez rapidement. Et pour cause, le maire UMP, Eric Raoult, de cette commune estime que le lieu n'est pas en respect total avec les normes de sécurité. Islamophobie ? Eric Raoult accuse, en effet, une sécurité incendie déficiente et l'absence de parking. Il affirme également que le couple a bravé la loi en ouvrant ce club, puisqu'il n'a pas eu l'autorisation des services de l'urbanisme. Une accusation que le couple dément, assurant que les raisons sont toutes autres. «Eric Raoult nous a dit qu'il ne voulait pas qu'on ouvre car c'était un 'centre de gym pour femmes voilées'», explique la gérante de la salle Lynda Ellabou, contactée par Le Figaro. «Mais ce n'est pas vrai, nous sommes ouverts à toutes les femmes, même s'il est vrai que celles qui sont voilées sont plus nombreuses car elles se sentent à l'aise chez nous. Et aucune de nos employés ne porte de hijab», ajoute-t-elle. Un «commerce sportif religieux» pour le maire Pourtant, le maire est persuadé que, malgré les apparences, Orty est «un commerce religieux sportif», depuis qu'il l'a lu sur un site islamo-communautaire qu'une salle de prière y était prévue. «Il n'y a pas de salle spécifique. Moi, je fais ma prière dans un endroit privé, comme un bureau», assure la gérante. «Si une de mes clientes veut faire la prière, je lui prêterai un bureau», ajoute-t-elle. Le mari, un ancien chauffeur de poids lourds, également ex-sportif, assure lui aussi que le centre n'est pas exclusivement destinée aux musulmanes. Selon lui, ses clientes sont plutôt des femmes qui souhaitent être tranquilles dans une salle «qui ne soit pas, un club de drague». «Les complexes sportifs pour femmes répondent à une réalité économique. J'entends beaucoup d'hommes autour de moi qui disent : je préfère que mon épouse s'entraîne dans une salle où il n'y a que des femmes», explique M. Belhadef, joint par Le Monde. «Une femme qui vient d'avoir un enfant et veut perdre un peu de poids préfère l'intimité. Les gens préfèrent payer cher et être tranquilles», souligne-t-il. Le conflit entre Eric Raoult et ce couple n'est pas prêt d'être réglé. Des huissiers de justices ont d'ores et déjà été envoyés par le maire «en prévision d'une action en justice», rapporte la même source. Une commission de sécurité devrait également se rendre sur les lieux, jeudi, pour examiner le centre de plus près.