Une enseignante de langue arabe vient d'être recalée à l'embauche à cause de son voile. Cela n'a pas eu lieu en France ou au Canada, comme on pourrait le penser, mais au Maroc, à l'école Molière de Casablanca, affiliée à la «mission française». Les enseignantes voilées ne sont visiblement pas les bienvenues dans les établissements scolaires français au Maroc. Le 12 septembre dernier, D.S., professeure marocaine de langue arabe, est reçue à l'école Molière de Casablanca, dépendant de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), pour un entretien d'embauche. Assurant avoir passé tous les tests «avec succès», cette enseignante est surprise quand elle reçoit, le lendemain, une lettre de refus de la part de directeur de l'établissement, lui expliquant que son voile musulman pose problème. «Pour des raisons religieuses (port du voile), il n'a pas été possible de lui confier ce poste», explique Hervé Demarquet dans un courrier daté du 13 septembre, publié ce mardi par le site Febrayer.com. Laïcité au Maroc ? Contacté par le journal marocain Attajdid, le porte-parole de l'ambassade de France au Maroc a regretté cette décision, la qualifiant de «choquante pour les autres enseignants». Celui-ci a, toutefois, affirmé que les établissements scolaires français de l'étranger «sont tenus de respecter les principes de laïcité», y compris «l'interdiction d'arborer des signes religieux ostentatoires, quelle que soit la religion concernée». L'enseignante, elle, est encore sous le choc, rapporte la même source. Affectée par le ministère de l'Education nationale marocain, dans le cadre d'une convention signée avec l'AEFE concernant l'enseignement de la langue arabe, D.S. ne compte pas en rester là. Une action en justice n'est donc pas écartée. L'islam, religion d'Etat Joint également par le même journal, Abdelmalek Zaâzaâ, avocat défenseur des droits, a estimé que la décision de l'école Molière était sans doute «abusive». Pour lui, le département de Mohamed El Ouafa doit «assumer ses responsabilités» en prenant la défense de l'enseignante. L'école Molière devrait également, selon ce dernier, respecter le fait que l'islam est la religion d'Etat. Cette affaire intervient au moment où une nouvelle charte de la laïcité vient de faire son entrée en France. Affichée dans tous les établissements scolaire de l'Hexagone, ce texte stipule, notamment, que «le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit».