Plus les jours se succèdent, plus on en sait sur Daniel Galvàn. Le pédophile espagnol gracié par «erreur» par le Maroc doit également répondre devant un tribunal espagnol, vendredi prochain, pour d'autres abus sexuels sur mineure. Aujourd'hui, c'est le site Laverdad qui livre de nouvelles révélations sur celui qui serait né Salaheddine Gadbhan Binia un 1er juillet 1950 en Irak. A en croire la source, son parcours est aussi mystérieux que le personnage. Les masques tombent au fil des jours pour Daniel Galvàn, ce pédophile espagnol arrêté à l'hôtel Legazpi de Murcie il y a trois semaines, et qui doit répondre, ce vendredi, devant un tribunal espagnol pour d'autres abus sexuels sur une mineure. Le site espagnol Laverdad vient de livrer de nouvelles révélations à propos de l'homme de 63 ans, qui aurait enfilé plusieurs casquettes dans son passé. Biologiste à ses débuts, Galvàn aurait servi dans l'armée irakienne, travaillé à l'Université de Murcie avant de s'installer sur le territoire marocain en 2005. Officier de l'armée irakienne Né en 1950 à Bassora, deuxième plus grande ville irakienne, Daniel Galvàn est d'origine kurde. Ses parents, Kassima et Gadbhan, lui ont donné le nom Salaheddine. A 20 ans, il a commencé ses études en biologie à l'Université de Bassora où au bout de cinq il décrochera son diplôme. Durant sa jeunesse, il a travaillé comme officier dans l'armée irakienne après avoir dirigé une pharmacie. Selon son avocat, le plus grand mystère autour du pédophile est à chercher dans les années où il dit avoir servi dans l'armée irakienne. Tout compte fait, en 1976, alors qu'il a 26 ans, Galvàn pose ses valises en Espagne. Mais peu d'indications sont disponibles sur ses premières années dans la péninsule ibérique. Selon la même source, en 1980, il aurait pris contact avec l'Université de Murcie pour approfondir ses études en biologie en vue d'un doctorat. Tentative ratée. L'établissement ne donnera pas suite à sa requête. Néanmoins, durant ses années à Murcie, le pédophile a tissé des liens avec des habitants de cette région où il résidé dans, au moins, trois quartiers différents. Cela ne l'empêche pas, en 2003, lors de l'invasion américaine en Irak, de retourner dans son pays d'origine pour effectuer un travail «risqué, dangereux et secret», comme l'avait indiqué El Pais. Ce quotidien souligne que Galvàn a séjourné à la prison d'Abou Ghraib et a travaillé pour les services secrets irakiens. «J'ai dû faire un travail risqué», avouait même le pédophile à son avocat. Citoyen espagnol en 1992 Seize ans après son arrivée dans le territoire ibère, l'irakien obtient la citoyenneté espagnole. Il change alors de nom et Salah Gadbhan Binia devient ainsi Daniel Galvàn Vineyard. Un coup qui devient possible suite à un mariage de convenance avec une Espagnole, laquelle Galvàn divorcera peu de temps après. Durant son séjour, il a acheté une petite maison dans le quartier de San Roque à Torrevieja, où il a vécu pendant des années. D'ailleurs, la maison est encore à son nom. Galvàn a réussi à avoir la confiance de ses voisins, dont certains se souviennent encore d'un homme «agréable et calme». Cependant, d'autres ne gardent de lui que des souvenirs «malsains», notamment une jeune femme de Torrevieja qui a déposé, la même semaine de son arrestation, une plainte contre lui pour abus sexuels présumés sur sa fille de cinq ans. Boursier de l'Université de Murcie et traducteur pour la Guardia Civil En 1996, lorsque le département des Relations internationales de l'Université de Murcie gagnait en attractivité, Galvàn a pu y accéder en tant que stagiaire. Malgré ses 46 ans, l'Irakien était boursier de cet établissement d'enseignement supérieur en raison de ses dispositions linguistiques. Son principal atout était sa connaissance de l'Arabe qui lui permettait de coordonner des projets de coopération avec des universités nord africaines. Certains de ses compagnons de cette époque se souviennent d'un homme «introverti, silencieux et concentré» sur son travail. D'autres, par contre, gardent en mémoire une personne dotée d'un caractère explosif qui a eu quelques désaccords avec ses supérieurs. Quoi qu'il en soit, il obtiendra un contrat de six ans avec l'Université. Mais, suite à un accident de motocyclette, il subira une opération chirurgicale à l'œil. En 2002, l'établissement a organisé un concours pour embaucher des stagiaires temporairement. Une décision qu'il n'a pas acceptée. Il dénoncera l'université pour licenciement abusif, mais le procès n'aura rien donné. À partir de cette date, ses collègues n'auront plus aucune nouvelle de lui. Selon plusieurs médias espagnols, du 25 juillet au 25 décembre 2004, Daniel Galvàn aurait été engagé par le ministère de l'Intérieur espagnol en raison de sa capacité à traduire l'Anglais, le Français et l'Arabe. Il aurait même servi dans la Guardia Civil de Torrevieja pendant quatre mois en tant que traducteur. Il s'installe au Maroc en 2005 sans jamais détenir un titre de séjour Plus tard, en 2005, Galvàn quitte l'Espagne et s'installe au Maroc, plus précisément dans la ville de Kenitra, à une quarantaine de kilomètres de Rabat. Il s'est présenté à ses voisins comme un professeur à la retraite qui a notamment enseigné les Sciences océaniques à Murcie et qui a commencé une nouvelle vie. Selon plusieurs sources marocaines, Galvàn a acheté deux maisons et construit une troisième à Sidi Yahia el-Gharb, à la périphérie de la ville. Une des propriétés était détenue par une mère célibataire qui avait deux filles. Galvàn n'a pas hésité à aborder cette famille. Sa relation avec elle lui a valu une première plainte pour viol. Sans succès. En outre, toutes les sources concordent sur le fait que le pédophile n'a jamais eu de titre de séjour au Maroc, ce qui l'obligeait à retourner en Espagne tous les trois mois pour renouveler son visa de touriste. C'est dans un de ces voyages que la vérité va éclater. Galvàn téléphone à un des voisins qui s'occupait de ses plantes et de son chien de garde en son absence. Il lui demande d'aller dans sa maison et de brûler tous les CD qui s'y trouvaient. Exécutant la demande, son voisin aurait retrouvé une clé USB qu'il a décidé de vendre à un commerçant. Ce dernier aurait ensuite visualisé le contenu de la clé et a failli tomber des nues. L'USB contenait des images de Galván qui abusait de 11 enfants. Deux jours après la révélation de ce scandale, la Police marocaine saisira le pédophile qui sera condamné à la plus grande peine appliquée au Maroc pour un délit de ce genre : 30 ans de prison. Selon Galvàn, les enfants ne coûtent pas chers au Maroc Selon la même source, suite à son arrestation, Daniel Galvàn aurait vite reconnu les faits. Lors de ces premiers aveux, le coupable aurait répondu au juge qu'il est venu au Maroc parce que «tout peut s'obtenir par l'argent et les enfants ne coûtent pas chers». El Pais donne encore une autre révélation plus que surprenante. En effet, certaines familles auraient laissé passer ces exactions dans un premier temps, n'ayant pas l'habitude de signaler les abus. Mais, c'est finalement l'avocat Hamid Krairi membre de l'Association marocaine des droits de l'homme, qui les a encouragées à réclamer justice pour leurs enfants abusés. La suite sera une grâce royale, une histoire à rebondissements qui a soulevé une vague de protestations au Maroc.