Les femmes représentent 51% des immigrés en France, selon l'enquête Trajectoires et origines produite par l'Institut National d'Etudes Démographiques (INED) et l'Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (INSEE). La majorité d'entre elles ont foulé le sol français étant célibataires selon les résultats de l'enquête publiée dans Le Monde.fr. Autre temps, autres mœurs. Les femmes immigrées en France le prouvent bien. De 40% en 1931, elles représentent à ce jour plus de la moitié de la population étrangère. C'est ce constat qui ressort de l'enquête Trajectoires et origines, menée depuis 2008 par des chercheurs français de l'INED et de l'INSEE auprès de 21 000 personnes, représentatives de la population, âgées de 18 à 60 ans et vivant en ménage. Plusieurs raisons expliquent cette féminisation constatée. Les crises économiques cycliques ont contribuer au retour des immigrés (très souvent des hommes) dans leurs pays d'origine. Autre tendance structurelle, depuis 1974, la reconnaissance du droit au regroument familial en France a contribué à cette augmentation considérable de la population étrangère féminine. Mais plus récemment, on assiste a un phénomène de féminisation de l'immigration de travail. A ce jour, les femmes représentent 42% des "pionniers" d'après le chercheur Cris Beauchemin, coauteur de l'étude avec Catherine Borrel et Corinne Régnard. Elles sont alors rejointes par leur conjoint, un regroupement familial dont la femme devient l'initiatrice. Majoritairement des hommes pour le Maroc et la Tunisie Mais cette féminisation n'est pas homogène selon les pays d'origines. Parmi la population immigrée en France on trouve une forte proportion (65%) de femmes pour les pays de l'UE (hors Europe du Sud). L'Espagne et l'Italie, l'Asie du Sud Est, l'Algérie, l'Afrique Sahélienne et le Portugal se situent dans une tranche allant de 50 à 55% de femmes. Alors que pour le Maroc et la Tunisie, ce sont les hommes qui restent majoritaires avec un taux de 52%. La Turquie ferme la marche avec seulement 46% de femmes. Ces disparités dépendent de fortement de l'ancienneté des courants migratoires. «Ainsi, au tournant des années 1970, Espagnols et Italiens, qui constituaient un courant d'immigration ancien, avaient une répartition par sexe déjà équilibrée : 51 % de femmes d'après l'enquête Trajectoires et Origines. À la même époque, les Maghrébins (Algériens, Marocains et Tunisiens), plus récemment engagés dans l'immigration française, étaient surtout des hommes (77 % des entrants dans la période 1966-1974).» précise-t-on dans l'étude. C'est l'interruption de l'immigration de travail, qui a entrainé une féminisation accélérée : «les femmes représentaient 61 % des nouveaux entrants entre 1975 et 1983, avant de revenir progressivement à l'équilibre (48 % de femmes après 1998)», note les auteurs de l'étude. :: Lire la synthèse de l'enquête sur le site de l'INED (pdf) Enquête Trajectoires et Origines (TeO) L'enquête TeO, produite par l'Ined et l'Insee, a été réalisée auprès d'environ 21 000 personnes, représentatives de la population âgée de 18 à 60 ans vivant en ménage ordinaire en France métropolitaine en 2008. Elle offre une source de données exceptionnelle pour étudier de façon détaillée les trajectoires des immigrants et de leurs enfants. Seuls les immigrés arrivés à l'âge adulte sont pris en compte dans les analyses présentées ici, soit 5 418 personnes de toutes origines, dont 2 960 femmes. Comme les recensements, l'enquête TeO offre une photographie de la population à une date donnée (2008). Le questionnaire comportant des informations sur les dates d'entrée en France, il est cependant possible de construire des cohortes de migrants en classant les immigrés en fonction de l'année de leur première arrivée en France. Pour plus d'information : http://teo.site.ined.fr/