Un mois après le lancement de l'opération Marhaba, le transit entre l'Espagne et le Maroc est marquée cette année par des arrivées moins importantes qu'en 2012. Entre la crise en Espagne, les prix de la traversée et Ramadan en début d'été, plusieurs raisons peuvent être invoquées. Détails. Entre le 15 juin et le 2 juillet 2013, les arrivées des Marocains résidant à l'étranger et des touristes ont connu une baisse généralisée sur l'ensemble des lignes reliant le Maroc à l'Espagne, comparé à la même période l'an dernier. C'est ce que révèle le dernier rapport du Département de la protection civile au ministère de l'Intérieur espagnol, sur l'opération transit sur le détroit de Gibraltar. En termes de passagers, Almeria-Nador essuie la plus grosse chute (-68,5%), suivie d'Algesiras-Tanger (-34,1%) et enfin Tarifa-Tanger (-11,1%). Sur les lignes indirectes via lesquelles certains MRE transitent parfois, des baisses significatives sont également enregistrées : Alméria-Melilia (-23%) et Algesiras-Sebta (-18,6%). Ces données semblent confirmer l'information révélée par le site ibérique Correo Diplomatico début juin, lors du lancement de l'opération Marhaba. Plusieurs Marocains résidant en Espagne n'avaient pas l'intention de voyager au Maroc cet été en raison de la crise. En effet les données de la Protection civile espagnole de l'an dernier affichent clairement que la période de fin juin à début juillet représentait le pic des voyages. Mais cette année, le déclin est palpable. Les MRE d'Europe habitués à transiter par l'Espagne fuiraient l'insécurité ambiante Il faudrait également prendre en considération le fait que certains MRE des pays limitrophes d'Espagne, rejoignent souvent le royaume chérifien via les ports ibériques. Mais d'après le président de l'Association des Usagers au port de Sète, beaucoup d'entre eux transiteraient plutôt via la France cette année. «Hier, le bateau en direction de Nador est parti avec 1300 passagers et 500 voitures, explique-t-il à Yabiladi. Lundi, GNV a fait le plein, si bien qu'on a ouvert une liste d'attente. Pourtant à cette période normalement, on a des départs avec environ 600 personnes». Comment l'expliquer ? «Nos compatriotes ont très peur en Espagne», répond M. Farkouss, ajoutant qu'il y règne un climat d'insécurité sur les routes. «A cause de la crise, il y a beaucoup d'agressions et de vols, affirme-t-il. Quand les gens nous appellent, nous leurs conseillons de ne pas voyager seuls vers les ports espagnols, mais de constituer des groupes, par mesure de prudence». La question du prix de la traversée, principale cause ? Nous n'avons pas pu rentrer en contact avec les responsables de l'opération Marhaba, mais du côté du ministère des MRE, une toute autre raison est attribuée à la baisse des arrivées entre l'Espagne et le Maroc. «Les gens ont été confortés à une explosion des tarifs cette année. Puisque l'avion est moins cher, beaucoup préfèrent voyager par ce moyen», indique à Yabiladi une source proche du ministre, qui requiert l'anonymat. «Maintenant qu'il n'y a plus de compagnies marocaines qui assure la traversée, les opérateurs étrangers fixent des prix trop élevés», ajoute la même source. Les prix de la traversée cette année sont en effet très élevés. Et à plusieurs reprises, les MRE ont manifesté leur mécontentement face à cette réalité. Sur le site de Yabiladi, plusieurs d'entre eux ont signifié leur «préférence» pour l'aérien low cost en cas de voyage au Maroc. Le ramadan en début d'été n'est pas à écarter Par ailleurs, le ramadan qui démarre dans quelques jours semble être une autre explication plausible aux résultats mitigés des débuts de l'opération Marhaba pourtant lancée en grande pompe il y a près d'un mois. Notons qu'habituellement, la période du ramadan est la moins prisée par les MRE pour les voyages au Maroc. Mais l'affluence au niveau du port de Sète biaise quelque peu cette hypothèse. «Certains MRE préfèrent passer le ramadan au pays. Nous avons discuté avec pas mal de personnes et ceux qui restent partiront vers la fin du mois de jeûne, pour passer la fête au Maroc», explique M. Farkouss. Il faudra donc attendre la fin du mois pour faire le bilan de la phase aller de l'opération Transit 2013.