Rebelote pour les compagnies maritimes opérant sur le détroit de Gibraltar. La ville autonome de Ceuta a annoncé qu'elle pourrait déposer une plainte contre trois d'entre elles, auprès de la Commission nationale de la concurrence. Les autorités marocaines quant à elles, restent silencieuses comme les années précédentes. Le porte parole du gouvernement de Ceuta, Guillermo Martinez (PP), a déclaré que la ville autonome compte déposer une plainte auprès de la Commission nationale de la concurrence (CNC) contre les trois compagnies maritimes opérant sur la ligne Ceuta-Algésiras : Acciona-Trasmediterranea, Balearia et FRS. En effet, selon Guillermo Martinez, «tout porte à croire» que trois compagnies «au moins» sont parvenus à un «accord tacite» pour mettre en oeuvre une hausse «disproportionnée» de leurs tarifs. S'adressant aux médias, également en tant que ministre en charge de l'Economie et des Finances de la ville autonome, il a expliqué qu'un dossier «juridique et administratif» avait été ouvert en appui de la plainte «pour une prétendue violation des droits de la concurrence.» Des compagnies multi-récidivistes ? «Il semble qu'il existe au moins un accord tacite entre les compagnies pour retirer toutes les offres (ndlr tarifaires) pour marquer le début de la saison estivale et le lancement de l'opération de franchissement du détroit (OPE)», a déclaré Martinez, qui a rappelé le «rejet catégorique» par le gouvernement dirigé par Juan Vivas «pour ce genre d'abus». Il s'est même montré plus précis en affirmant que les autorités locales ont détecté la hausse des prix des billets de bateau, qu'il a qualifié de «disproportionnée et injuste», juste avant la dernière fête locale, le jour de San Antonio, le 13 juin dernier. Il est important de rappeler que ce n'est pas la première fois que des soupçons d'entente sur les prix pèsent sur les compagnies maritimes opérant sur la traversé du détroit de Gibraltar. Le gouvernement de Ceuta avait déjà signalé il y a cinq ans, en 2008, quatre sociétés qui exploitaient la ligne vers Algesiras et qui avaient simultanément augmenté leurs tarifs. Après plusieurs années d'enquêtes et de procédures, le CNC avait condamné 6 compagnies maritimes (dont la «presque défunte» Comarit) à 88,5 millions d'euros d'amende. Il avait été établi que pendant 9 ans, elles s'étaient entendues pour ne pas se faire concurrence. Et le Maroc dans tout ça ? Alors que la Commission national de la concurrence espagnole n'a pas hésité à poursuivre et à condamner à la plus forte amende une compagnie marocaine, la Comarit-Comanav (27,7 millions d'euros), l'Etat marocain n'a quant à lui, jamais entamé de réelles poursuites pour entente sur les prix. En 2009, le ministre des MRE de l'époque que nous avions interviewé avait tout simplement nié toute hausse des prix se contentant de citer le communiqué du comité central des armateurs marocains en guise de réponse. Il avait même tenu à souligner que les billets seraient mêmes en promotion pendant l'été. Evidement cette réponse que nous avions publiée in extenso, avait déchainé la colère des MRE. La condamnation du CNC a permis de mettre en relief la passivité totale des responsables marocains de l'époque. Si récemment certains élus PJD ont pu s'émouvoir de la hausse tarifaire lors de la séance des questions orales de la chambre des représentants où ils avaient appelé le ministre des Transports, Aziz Rebbah, à trouver une solution, c'était surtout pour aider le pavillon marocain qui est en décrépitude. Aujourd'hui encore, personne ne semble s'orienter vers une enquête pour faire pression sur les compagnies et réguler les abus tarifaires. Mais si les MRE ne peuvent pas vraiment compter sur un soutien appuyé de leurs élus au Maroc, la société civile tente de s'organiser. Ainsi, l'association espagnole Itran, regroupant des MRE a annoncé qu'elle surveillera le comportement des compagnies maritimes qui font la liaison Espagne-Maroc cet été. Elle sera en particulier vigilante sur les prix des billets, la qualité des navires et la flexibilité des compagnies, a-t-elle annoncé. On n'est jamais mieux servi que par soi-même.