Un réseau d'associations de la région Rhône Alpes en France a envoyé une lettre ouverte au chef du gouvernement marocain, au début du mois de mai, pour lui exprimer tout son mécontentement suite à la visite du ministre de la communauté MRE, mi-avril, à Lyon. Ils accusent le ministère, mais surtout le consul, d'avoir organisé une visite au rabais. «Visite inachevée». Le réseau des associations marocaines et des Marocains en Rhône Alpes-Auvergne a envoyé une lettre ouverte au chef du gouvernement Abdelillah Benkirane suite à la visite de son ministre délégué pour la Communauté marocaine résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, à Lyon, le 13 et 14 avril. Elle est parvenue à notre rédaction le 3 mai. Ahmed Barni, coordinateur général du réseau, y accuse le ministre et le consul de Lyon, Saad Bendourou, d'avoir organisé un déplacement à Lyon au rabais et d'avoir exclu certains membre de la communauté marocaine de la région, des rencontres avec le ministre. Le réseau associatif auteur de la lettre réuni en son sein l'Association de solidarité franco-marocaine de l'Ain, l'Amicale des Marocains de l'Ain, l'Association CASMRA, l'Amicale des Marocains du Rhône, l'Association SEME en Ardèche, l'Union des Associations et Amicales des Marocains en France et l'Association de solidarité Europe-Maroc à Troch. «Aucune annonce auprès de l'importante communauté marocaine de la région Rhône-Alpes, ni dans la presse locale ni dans les réseaux sociaux» n'a été faite, regrettent ces associations. «Toutes les associations déclarées et enregistrées au consulat ont été prévenues de la visite du ministre. Il y a dans la région plus de 150 associations toutes ont été invitées, à la demande expresse du ministre. Bien sûr, si une association n'est pas connue de nous, nous ne pouvions pas la mettre au courant», répond Saâd Bendourou à Yabiladi.com. Personnes cooptées ? «Les services concernés, consulaires à Lyon ou ministériels à Rabat semblaient vouloir en faire une visite totalement confidentielle et confinée à des cercles restreints et à des personnes cooptées au préalable», explique Ahmed Barni, dans sa lettre au chef du gouvernement. La sélection des membres de la société civile était visible, selon lui, au nombre réduit de personnes présentes lors des différentes réunions organisées avec M. Maâzouz. «La visite débutait dimanche 14 avril 2013 en milieu d'après-midi avec une rencontre des compétences et des entrepreneurs. L'effet boycott et rejet était perceptible se traduisant par moitié moins de convives que lors du passage de son prédécesseur», estime-t-il. «Toutes les associations ont été informées sans exception, sans différenciation, sans aucune distinction, assure au contraire le consul du Maroc à Lyon. Nous avons organisé, en collaboration étroite avec le ministère, un programme très large. M. Maâzouz a rencontré toutes les composantes de la société marocaine qu'elles soient sociale, culturelle ou même cultuelle. M. Maâzouz a souhaité rencontrer les jeunes, mais aussi visiter un foyer d'anciens migrants», énumère-t-il. Manque de communication Suite à cette visite - décevante, selon le réseau associatif - aucune véritable communication officelle n'a été faite. «Aucun communiqué du Ministère et aucune information, même la MAP est restée silencieuse sur l'escale lyonnaise de Monsieur Maazouz», indique Ahmed Barni dans sa lettre. Nous n'avons, en effet, retrouvé aucune dépêche MAP faisant état de la visite officielle du ministre à Lyon. Si la visite n'a pas connu une couverture médiatique, on note toutefois deux petites traces. Le ministère a ainsi repris et publié sur son site internet un article emprunté à un blog presqu'inconnu, le 18 avril, soit 3 jours après la fin de la visite. Le 19 avril, suite à la réception d'un communiqué du ministère, nous avions publié sur Yabiladi.com une brève relatant la rencontre du ministre avec certaines associations rhônalpines. Si les attaques des 8 associations rassemblées par le réseau associatif auteur de la lettre au chef du gouvernement concernent la visite de M. Maâzouz à Lyon, elles sont beaucoup plus dirigées contre le consul que contre le ministre lui-même. «M. Maâzouz, a-t-il été victime d'un guet-apens, a-t-on sciemment dupé le Ministre, et à travers lui, de ce qu'il représente et incarne, votre gouvernement, le Royaume du Maroc et le peuple marocain ?», s'interroge l'auteur de la lettre. Il ajoute, à propos de Saâd Bendourou, «nous vous signalons l'ingérence excessive de ce consul dans la vie des associations et la vie politique locale, maladresses, inconscientes ou non, qui ont provoqué une démobilisation totale des ONG marocaines […]». Témoignage vidéo des associations marocaines rhônalpines