Hasard du calendrier ou une initiative bien calculée, le rapport du département d'Etat américain sur la situation des droits de l'Homme dans le monde, tombe au mauvais moment pour le Maroc et à point nommé pour le Polisario : à quelques jours de la présentation d'un projet de résolution élaboré par les services de John Kerry préconisant un élargissement du mandat de la Minurso au Sahara au contrôle des droits de l'Homme. «Des rapports crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et d'autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis». Les propos n'émanent pas d'une ONG internationale proche du Polisario mais bel et bien du département d'Etat américain. Dans un document, rendu public ce vendredi, sur les droits de l'Homme dans le monde, les services de John Kerry n'ont pas fait dans la dentelle concernant le Maroc. Pire, le successeur de Mme Clinton a tenu à ajouter sa touche personnelle au texte. Pour la première fois, les pages consacrées au Sahara occidental sont séparées de celles réservées au royaume (voir le lien suivant : http://www.state.gov/documents/organization/204600.pdf). D'habitude dans ce genre de travaux préparés annuellement par Amnesty international ou Human Rights Watch, une seule partie concerne et le Maroc et le Sahara. Ce n'est donc plus le cas. Un indicateur fort du changement de la position de Washington à l'égard du Maroc, amorcé avec l'arrivée du président Barak Obama, janvier 2009, à la Maison blanche et qui se confirme, notamment après le départ d'Hilary Clinton, l'unique alliée que comptait le royaume au sein de cette administration démocrate. Même le CNDH n'échappe pas aux critiques Reprenant à son compte les allégations des associations pro-Polisario au Sahara, le rapport accuse la section sud du CNDH de n'avoir pas totalement répondu favorablement aux revendications des personnes dites victimes de violations des droits de l'Homme durant les années 70 et 80. Le document de John Kerry assure que sur les 552 demandes déposées durant l'année dernière, le CNDH n'a solutionné que 463, il lui reste dans le compteur 144 cas à régler. D'aucuns pourraient dire que le conseil du tandem El Yazami-Sebbar a réussi à résoudre 75% des dossiers en accordant comme le souligne le rapport des dédommagements : «108 logements, 81 postes d'emplois dans les ministères de l'Intérieur et la Justice». Mais il s'avère que cette performance n'a pas convaincu le département d'Etat américain. Le rapport se réfère aux travaux de Juan Mendez et Kerry Kennedy Le document réserve toute une partie à la torture et traitements inhumains dégradants. Dans laquelle, les services de John Kerry rappellent les conclusions des rapports du Juan Mendez, le rapporteur des Nations Unies sur la torture et la visite, en septembre dernier, d'une délégation américaine conduite par Mme Kerry Kennedy, la présidente du Centre Robert Kennedy des droits de l'Homme et la justice, au Sahara. Le rapport accuse également les autorités marocaines d'entraver toute enquête sur les allégations de torture commises dans les commissariats ou dans la prison de Laâyoune. Le texte mentionne que, depuis 2008, les ONG sont interdites d'y accéder. Depuis cette date, le Maroc n'a autorisé que 34 visites à ce centre détention dont une de Juan Mendez, 20 effectuées par les services judiciaires, 5 par des commissions d'enquêtes et 8 par des ONG nationales y compris le CNDH qui a été considéré par le Maroc comme étant une ONG, souligne le rapport. Lire le rapport (anglais) : http://www.state.gov/j/drl/rls/hrrpt/2012/nea/204390.htm