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Diaspo #356 : Amal Imani, du ring de lutte à l'arbitrage aux Jeux olympiques
Publié dans Yabiladi le 28 - 09 - 2024

Malgré s'être distinguée au niveau continental, la lutteuse Amal Imani n'a pas participé aux Jeux olympiques en tant qu'athlète. Mais elle a pu y prendre part en tant qu'arbitre, lors des derniers JO 2024 de Paris.
Dans sa ville natale, Casablanca, Amal Imani a grandi dans une famille où le père avait à cœur de transmettre les valeurs du sport à ses enfants. Ainsi, le frère maîtrise le taekwondo et la sœur le karaté, tandis qu'Amal s'est initiée au judo dès l'âge de quatre ans.
Née en 1981 et férue de sport, elle décroche un baccalauréat en sciences expérimentales, orienté sport. En 1997, l'équipe du Raja Casablanca recherche des talents dans le sambo et le judo. Amal est sélectionnée pour prendre part à la Coupe d'Afrique de lutte.
Troisième du podium continental, la jeune lutteuse devient médaillée d'or aux Jeux africains en Egypte, l'année d'après. L'édition qui a suivi n'a pas connu sa participation, en raison des préparations du baccalauréat. Mais en 2000, elle décroche l'argent en Tunisie et en 2001, elle termine troisième.
Après ses exploits régionaux, Amal reçoit une proposition du club français de lutte US Metro. Elle signe un contrat pour quatre ans, dès 2000. Mais arrivée en France, les choses ne se sont pas passées aussi facilement qu'elle ne l'aurait imaginé. Elle se retrouve d'abord «seule, sans famille, à dormir dans la rue et à multiplier les petits boulots» pour gagner sa vie. «J'ai été soutenue par mon entraîneur, Hamdi Adli, qui m'a prise en charge. Il a été comme un deuxième père pour moi», nous confie-t-elle.
Peu après, Amal trouve un emploi avec la société de transports publics RATP, associée à l'US Metro. Elle fait la rencontre de son mari, Saber Reklaoui, avec qui elle a désormais trois enfants.
«Mon rêve était de participer aux Jeux olympiques, mais la lutte féminine n'y était pas encore intégrée. Elle n'a été incluse qu'aux JO d'Athènes en 2004 mais à ce moment-là, j'étais en France, je m'étais mariée, j'avais eu des enfants et ma relation avec la lutte avait été interrompue.»
Amal Imani
Retour au Maroc
Après des années loin du ring, Amal décide de revenir à la compétition, en 2013, en tant que coach. Elle multiplie les certifications et fait évoluer de nombreux clubs français, comme l'Olympique Lutte Dreux Atlas, l'US Metro et Paris Lutte.
En 2017, elle décide de retourner au Maroc, portant un projet de formation pour la lutte féminine, qu'elle défend auprès de la Fédération royale marocaine. «On m'a dit qu'il n'y avait pas de poste vacant et l'idée m'a été proposée d'intégrer l'arbitrage, ce que j'ai accepté», nous dit-elle.
«J'ai participé à des épreuves au niveau arabe et la deuxième année, j'ai passé celle des Jeux africains, où j'ai obtenu le troisième diplôme international. L'année d'après, j'ai décroché le deuxième. J'ai fait un arrêt ensuite, à cause de la pandémie de 2020, puis j'ai obtenu le premier diplôme. L'année dernière, j'ai enfin eu celui olympique.»
Amal Imani
Amal a commencé à aspirer à participer aux JO en tant qu'arbitre. Soutenue par la Fédération royale marocaine de lutte, elle prend part au Championnat d'Afrique, puis aux qualifications continentales pour les JO, avant d'être sélectionnée au Championnat du monde qualifiant à Istanbul. Elle est ensuite invitée à suivre une formation en Grèce.
«J'ai commencé tardivement ma carrière d'arbitre. Mes pairs ont plus de 20 ans d(expérience dans le domaine. Mais grâce à dieu, au soutien de la fédération et de son président, j'ai rapidement réussi mes examens», nous confie Amal. Elle est ensuite choisie parmi 11 femmes arbitres pour superviser les combats, lors des JO 2024 de Paris.
«Je ne m'attendais pas à cette participation. Je m'étais plutôt projetée sur les JO 2028 à Los Angeles. Mais les quatre ans de travail acharné ont payé et j'ai fait partie des arbitres sélectionnés pour les Jeux olympiques de Paris
Amal Imani
Une participation distinguée aux JO 2024
Amal s'est vu confier la tâche d'arbitrer de nombreux combats. «J'ai reçu beaucoup de retours positifs, j'ai clairement montré que l'arbitrage au niveau international nécessitait de la rigueur et de la discipline pour atteindre le haut niveau admis en Europe et en Asie», nous dit-elle encore.
Aujourd'hui, Amal Imani décrit son expérience aux JO comme «exceptionnelle», «un moment magique plein d'émotion». Elle a souligné qu'elle ressentait un grand soulagement en quittant le ring, satisfaite de sa performance, de sa mission honorée équitablement et de manière impartiale. «Il n'y a rien de plus satisfaisant que de ressentir la responsabilité de juger et de savoir que chaque décision prise a contribué à l'intégrité de la compétition», confie l'arbitre.
En effet, la préparation aux combats qu'elle arbitre commence en dehors du ring, «mentalement et physiquement». «Je commence par lire quelques sourates du Saint Coran, car cela m'aide à retrouver le calme et la concentration nécessaires, puis je me lance dans la prière. Après cette préparation spirituelle, je m'engage dans un entraînement physique, car l'arbitrage demande une grande agilité et une bonne condition», souligne-t-elle.
Vivant aujourd'hui à Amboise, en France, Amal ambitionne de rejoindre le comité d'arbitrage de la Fédération Internationale de lutte et à travailler au développement du domaine. Elle continue également d'exercer des fonctions de formation en France, tout en travaillant avec la Fédération royale marocaine, sur tous les aspects liés à son domaine d'expertise. Elle se tient ainsi à la disposition de sa patrie.
Amal a souligné que tout le mérite de ce qu'elle a accompli revenait à son défunt père. «C'est à mon père que revient mon entrée dans le monde du sport. Il me disait toujours que j'allais atteindre les plus hauts niveaux. Il était très fier de moi. Il me soutenait beaucoup. Tout ce que je fais, je le considère en l'honneur de mon père», nous confie l'arbitre.
Outre la lutte, Amal est membre d'une association qui vient en aide aux enfants en situation difficile par le sport à Amboise, appelée «Association des Enfants du Quartier».


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