Prévue du 27 au 29 juin 2024 à Essaouira, le 25e Festival gnaoua et musiques du monde sera la première page d'«un nouveau chapitre» qui s'écrira avec les premiers partenaires de l'évènement, mais aussi avec de nouveaux. Outre les concerts de cette édition anniversaire, les organisateurs ont annoncé, mardi, un programme de formation avec le Berklee College of Music de Boston (Etats-Unis). Cité des dépositaires d'une tradition musicale désormais classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, la ville d'Essaouira accueillera le 25e Festival gnaoua et musiques du monde, du 27 au 29 juin 2024. Aux allures d'une célébration symbolique de ses 25 ans au service du rayonnement mondial de cet art ancestral, l'événement prévoit une programmation réunissant mâalem gnaoua et artistes internationaux. Plus qu'une rencontre ponctuelle, cette édition marque par ailleurs «un nouveau chapitre» pour jeter les bases de projets structurants, inscrits dans le renforcement des industries créatives et culturelles. En conférence de presse, la directrice et productrice du festival, Neila Tazi, a ainsi annoncé le lancement d'un programme de formation, en partenariat avec l'institution musicale mondiale Berklee College of Music de Boston (Etats-Unis), fondée en 1945. Dans un campus d'excellence qui compte 5 000 étudiant, il s'agira d'accompagner de nouvelles générations de musiciens, dont les connaissances seront renforcées par un bagage et une approche de recherche académiques, à même de les outiller pour percer dans leur processus créatif, ou encore contribuer à la conservation de leur patrimoine ancestral par la musique. Une approche transatlantique entre musique et recherche Dans cette même démarche, une chaire dédiée à la culture gnaoua sera lancée d'ici 2025, en partenariat avec le Center for African Studies de l'Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Benguerir. Pour Neila Tazi, ce projet met en place un «espace de recherche, en vue d'approfondir les connaissances sur la culture gnaoua». De part et d'autre de l'Atlantique, ce processus convergera vers une conservation du patrimoine qui promeut transmission du savoir-faire et documentation d'une culture musicale, qui n'obéit pas strictement aux règles classiques. Art Gnaoua : «Pour rester vivant, le patrimoine immatériel doit être pratiqué» [Interview] En effet, la productrice du festival a rappelé que «les gnaoua sont l'illustration de cet héritage immatériel qui a forgé la relation transatlantique, dont on parle beaucoup aujourd'hui, et qui est très présente dans la culture». Cet héritage «se transmet à travers le blues, le jazz, entre l'Afrique et l'Amérique». C'est aussi «un trésor inestimable» que les organisateurs ont «défendu passionnément», jusqu'à son inscription à l'UNESCO en 2019. «Il y a eu beaucoup de travaux de recherche sur les gnaoua. Nombre de publications ont été consacrées à cette culture, qui fascine anthropologues, ethnologues et musiciens. Nous voulons renouer avec tous ces auteurs, de manière à agréger l'ensemble de leurs contributions et avoir un espace, au sein de l'université, pour mettre en synergie les intérêts portés à cet art.» Neila Tazi Transcender les frontières, les cultures et les générations de gnaouas S'agissant de la programmation, le co-directeur artistique du festival et président de l'association Yerma Gnaoua, mâalem Abdeslam Alikane, a fait savoir que le fil rouge de cette édition serait la mixité et l'inclusion. Ainsi, les concerts seront une occasion de célébrer le mélange harmonieux de la musique africaine et occidentale, en plus de fusions entre différents genres, artistes et pays à l'affiche, parallèlement aux lilas, des concerts intimistes avec les maâlems. Dans ce sens, «l'affiche de cette édition illustre le souci de la direction artistique du festival de représenter largement les différentes tendances de la musique gnaoua, entre hier et aujourd'hui», a fait savoir Abdeslam Alikane. «En tant qu'association et membres organisateurs, nous mettons en avant notre patrimoine musical et sa charge culturelle, en capitalisant sur l'expérience de ce festival, accumulée au bout de 25 ans. Cette affiche reflète donc aussi l'importance de mettre en avant nos dépositaires de cette tradition, ainsi que les plus jeunes générations de mâalems, issus de différentes régions du nord au sud du Maroc, hommes et femmes, artistes montants et autres confirmés.» Abdeslam Alikane Cette édition connaîtra la participation d'un total de plus 400 artistes, dont 34 maâlems, qui se produiront dans 53 concerts. 6 concerts de fusions permettront aux festivaliers de vivre une expérience inédite, où rythmes gnaoua se mêleront à la fatucada brésilienne, au flamenco espagnol et au zaouli de Côte d'Ivoire. Maâlem Hassan Boussou (Casablanca) et Maalem Mly Taieb Dehbi (Marrakech) partageront la scène avec Dumanlé (Côte d'Ivoire), Nino de Los Reyes (Espagne) et llê Aiyê (Brésil). Une autre fusion réunira le mâalem Hamid El Kasri avec le groupe Bokanté (Etats-Unis, Canada). Mettant sous les projecteurs des rythmes contemporains, le festival accueille aussi le rappeur palestinien Saint Levant, le duo maroco-tunisien d'aïta et musiques modernes Aïta mon amour, constitué de Widad Mjama et de Khalil Epi, ainsi que la chanteuse espagnole d'origine équato-guinéenne Buika. Le Forum des droits humains met en avant la dimension culturelle du Mondial 2030 Parallèlement à la programmation artistique, la 11e édition du Forum des droits humains du festival, aura comme thème «Maroc, Espagne, Portugal : une histoire qui a de l'avenir». Organisé en partenariat avec le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), ce rendez-vous abordera une thématique d'actualité, autour de l'organisation historique du Mondial 2030 de football par les trois pays voisins. Présentant les grandes lignes de ce programme de débats, le président du CCME, Driss El Yazami, a indiqué que l'idée était d'explorer la richesse culturelle et historique qui, au-delà de la passion pour le football, rassemble depuis des siècles le Maroc, l'Espagne et le Portugal. Avec la participation d'une vingtaine d'intervenants, les sujets qui seront abordés s'intéresseront «à l'histoire commune, à la place et au rôle des diasporas, à la mobilité, à l'impact du Mondial 2030 sur les questions de voisinage». Les organisateurs rappellent qu'en dix éditions, «le Forum des droits humains a accueilli plus de 150 personnalités de premier plan (Anthropologues, artistes, écrivains, historiens, ministres, politiciens, philosophes, chercheurs, diplomates…) en provenance de 25 pays et de 4 continents (Afrique, Amérique, Asie et Europe)». Article modifié le 20/03/2024 à 18h19