L'istiqlal de Chabat entend bien se démarquer des autres composantes de la majorité, n'hésitant pas à critiquer une formation gouvernementale dans laquelle, elle compte, pourtant, dans son tour de table, six maroquins et non des moindres. Hamid Chabat, le secrétaire général de l'Istiqlal, tient à son remaniement ministériel. Il l'a fait savoir, et de la manière la plus officielle, en adressant un mémorandum au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane. Le timing de cette initiative n'est pas fortuit. Chabat l'a minutieusement choisi, puisqu'il coïncide avec la commémoration de ses 100 jours passés à la tête du parti de la Balance et une année sur l'installation de l'exécutif. Hier, la direction de l'Istiqlal a rendu public, lors d'un point de presse, le mémorandum qu'elle vient de soumettre à Benkirane. Pour le secrétaire général de l'Istiqlal, une redistribution des portefeuilles ministérielles entre les quatre partis de la majorité est une obligation afin d'«améliorer la performance et accélérer le rythme de l'action du gouvernement». Par ce mémorandum le parti de Hamid Chabat «sonne le tocsin du danger du gaspillage du mandat gouvernemental à un moment où notre peuple attend des réponses urgentes et efficientes à ses attentes légitimes», lit-on dans l'introduction du texte. Les griefs de l'Istiqlal Cette remarque est suivie, immédiatement, par une série d'observations sur les «dysfonctionnements» relevées durant la première année de la gestion de l'équipe Benkirane des affaires publiques, en voici quelques exemples: - L'Istiqlal reproche à son allié le PJD de s'être accaparé le privilège de la présentation des propositions de lois et décide des mesures sans aucune concertation, au préalable, avec les autres composantes de la majorité. Preuve en est la hausse des prix des carburants (1er juin 2012), décrétée unilatéralement par le secrétaire du PJD alors même que des ministres n'étaient même pas au courant. - Les annonces, toujours unilatérales, de la réforme de la Caisse de compensation sans que le sujet ne soit abordé par les autres partis de la majorité. Le PI déplore que le PJD présente ce projet comme étant sa propre initiative alors qu'en fait il s'agit d'une œuvre des autres équipes gouvernementales. - Les amis de Hamid Chabat estiment que la bataille de l'exécutif contre l'économie de rente est entachée d' «ambiguïté». - Les conditions de nominations des hauts fonctionnaires. Même si le document est resté vague sur cette question, l'Istiqlal pointe du doigt l'exigence du ministre de la Santé, El Houcine El Ouardi, du prochain secrétaire général de ce département qu'il soit un médecin. Du temps de Yasmina Badou (octobre 2007-janvier 2012), elle avait nommé un ingénieur au poste de SG. - Le refus de Benkirane d'honorer l'engagement du gouvernement Abbas El Fassi d'embaucher plus de 2000 doctorants dans la fonction publique sans passer de concours. Dans son édition d'aujourd'hui, le quotidien arabophone de l'IstiqlaI, Al Alam, qualifie la présentation de ce mémorandum d' «historique». Dans l'ensemble, cette initiative ne constitue guère une nouveauté bien qu'elle ait été couchée sur le papier. Cette formation est habituée à critiquer ses alliés au sein du gouvernement. Hamid Chabat ne fait que suivre à la lettre l'exemple de son prédécesseur, Abbas El Fassi. L'ancien secrétaire faisait la même chose avec Abderrahman El Youssoufi. Il ne s'est calmé qu'une fois qu'il a été nommé ministre de l'Emploi lors du remaniement ministériel de septembre 2000.