Depuis son élection à la tête l'Istiqlal, Hamid Chabat, revendique haut et fort un remaniement ministériel qu'il juge «plus que jamais une nécessaire». Face aux médias, il continue d'argumenter son point de vue. Mais le politologue Mohamed Darif estime que le leader du parti de l'indépendance cherche autre chose qu'il ne dit pas. «Certains ministres agissent en tant que techniciens, sans prendre en considération la dimension politique de leur mission», a affirmé Hamid Chabat, secrétaire générale de l'Istiqlal, interrogé au Club de L'Economiste mercredi 28 novembre, à propos du remaniement ministériel qu'il revendique depuis son élection à la tête du parti de l'indépendance. M. Chabat a ouvertement critiqué les décisions de certains ministres, notamment ceux en charge de l'Education nationale, la Santé et le Transport. Brossant également au passage quelques «bourdes» des membres du gouvernement, il juge que les déclarations du ministre en charge du Budget, Driss El Azami, «concernant la relation du gouvernement avec la CGEM», étaient une «grande erreur». Pour rappel, M Azami s'était fait sourd à l'opposition de la CGEM quant à la taxation des hauts salaires, affirmant que «le patronat doit respecter la décision politique». Bref, comme il l'a récemment confié au journal Libération, M. Chabat estime que «le remaniement est devenu plus que jamais une nécessité» et que c'est «une revendication populaire». Ce qui l'intéresse, dit-il, c'est «le rendement de l'équipe gouvernementale plutôt que le nombre des ministres istiqlaliens». Il a déjà préparé un mémorandum pour l'amélioration de la gestion gouvernementale qu'il compte discuter avec les autres composantes de la majorité. Benkirane doit faire un choix Le leader politique a également pointé du doigt le cumul de fonctions du chef du gouvernement, qui selon lui, l'empêche de pleinement exercer en tant que tel. «Abdelillah Benkirane doit être le chef de toutes les composantes du gouvernement», déclare M. Chabat ajoutant que «le secrétaire général d'un parti doit démissionner de son poste s'il est nommé Chef du gouvernement». Il aurait d'ailleurs laissé entendre que c'est ce qu'il ferait s'il était un jour élu à la tête du gouvernement, sans confirmer son intérêt pour ce poste. «Chabat prépare le terrain pour un changement d'alliance» Le politologue Mohamed Darif «comprend» la revendication du leader istiqlalien. Seulement, «ce qui pose problème pour moi, c'est la nature ses critiques. Si l'on suit la logique de Chabat, un simple remaniement ne résoudra pas le problème» «Il ne faut pas faire d'amalgame entre un remaniement technique et celui d'ordre politique», prévient M. Darif soulignant qu'au Maroc, le remaniement est «une tradition». Après un an ou deux, lorsque le bilan d'un gouvernement se révèle passif, on procède à un remaniement. «Depuis le gouvernement consensuel de 1998, on a commencé à procéder régulièrement aux remaniements, idem en 2003, 2004 et même avec le gouvernement d'Abass El Fassi», rappelle le politologue. Par contre, «Chabat revendique un remaniement d'ordre politique qui va aboutir à un changement d'alliance. Réellement, il ne s'agit pas pour lui de remplacer des ministres par d'autres. D'ailleurs, si c'est une telle revendication, on n'en a pas besoin», tranche M. Darif, estimant que le gouvernement de coallition dirigé par le PJD n'arrange pas le secretaire général de l'Istiqlal. Et de réitérer : «Avec toutes ces déclarations, Chabat prépare le terrain à un changement d'alliance».