Le Maroc et la Mauritanie ne sont plus sur la même longueur d'onde qu'auparavant. Les différends se multiplient, du pain béni pour le Polisario. Le déplacement non-officiel de Abdellah Baha dans ce pays n'a rien pu apporter. Il n'a même pas été reçu par le président Ould Abdelaziz. Les relations entre Rabat et Nouakchott traversent une mauvaise passe. La très officielle audience accordée, lundi au palais présidentiel, par Mohamed Ould Abdelaziz à un émissaire du chef du Polisario, en présence du ministre mauritanien des Affaires Etrangères, Hammadi Ould Bab, en est bien la preuve du climat de tension entre les deux pays. Un contexte qui n'est pas sans rappeler celui précédant le putsch du 6 août 2008 ayant amené au pouvoir l'actuel président, un ancien militaire, formé au Maroc, qui s'est séparé de son béret et de son treillis pour endosser l'habit civil afin de se présenter, juillet 2009, à la course à la magistrature suprême dans son pays. Les entretiens avec le chef de la diplomatie du Polisario, Mohamed Salem Salek, ont porté sur la question du Sahara. Force est de constater que depuis plus d'une année, Nouakchott s'est rapproché des positions de l'Algérie et de la direction des camps de Tindouf sur le dossier du Sahara. Les circonstances non encore élucidées de l'incident, du 13 octobre, visant le cortège du président mauritanien ont jeté un froid glacial sur les relations avec le royaume. Certaines voix ont même accusé le Maroc d'être derrière cet attentat, chose que le gouvernement mauritanien s'est empressé de nier catégoriquement. Mais il n'en demeure pas moins que cet incident a nettement consolidé l'entente retrouvée entre Nouakchott et Alger. La position hostile des deux pays à une intervention militaire au Mali est un exemple qui corrobore cette lecture. Abdellah Baha boudé par le président mauritanien Si Mohamed Ould Abdelaziz a reçu un émissaire du Polisario avec tous les honneurs dus à un ministre d'un Etat reconnu par la communauté internationale, il n'a pas eu le même geste avec Abdellah Baha, le ministre d'Etat sans portefeuille, qui se trouvait à Nouakchott en sa qualité de représentant du PJD aux travaux du 2ème congrès du parti Tawassoul tenu du 20 au 23 décembre. En dépit de cette «négligence», et c'est un euphémisme, Baha, dans un entretien accordé au quotidien mauritanien Al Akhbar, paru aujourd'hui, ne s'est pas départi de son habituel langage diplomatique, réduisant la tension entre les deux pays à juste «un nuage d'été qui va se dissiper». Et de reconnaître qu'entre voisins il y a parfois «quelques malentendus». Le n°2 du gouvernement a, en revanche, mis en exergue les «intérêts communs» entre le Maroc et la Mauritanie. Les propos rassurants de Abdellah Baha ne peuvent en aucun cacher la forêt des différends. En novembre, le président Ould Abdelaziz, alors qu'il se trouvait dans un hôpital parisien, aurait refusé de recevoir le chargé d'affaire à l'ambassade marocaine à Paris. La riposte de Rabat ne s'est pas faite trop attendre, en décembre, le ministre des Affaire étrangères, Saâd Dine El Otmani n'a pas daigné accordé quelques minutes à son homologue mauritanien, venu à Marrakech pour assister à la conférence des «Amis du peuple syrien».