Les grandes compagnies d'affrètement maritime se plient à l'ordre donné par l'Algérie d'éviter le transbordement dans les ports marocains de produits à destination du marché algérien. Ainsi, CMA-CGM annonce une «réorganisation de ses services desservant l'Algérie». Le groupe français informe ses clients, dans un communiqué, «qu'avec effet immédiat, toutes les marchandises destinées à Oran, Mostaganem et Ghazaouet (Algérie) transiteront désormais soit via Algesiras, soit via Valence au lieu de Tanger». De son côté, Maersk a décidé de rediriger la majorité de ses expéditions à destination des ports d'Alger, Skikda et Bejaia via Barcelone et Algésiras, mettant fin aux opérations de transbordement à Tanger-Med. L'armateur danois attribue «ces changements d'itinéraire à une hausse des importations de l'Algérie», ce qui a amené le transporteur «à augmenter la capacité et la productivité de son réseau pour répondre à cette demande spécifique», rapportent des médias ibériques. Pour rappel, l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers en Algérie (ABEF) a décidé, il y a deux semaines, de «refuser toute opération de domiciliation pour les contrats de transport qui prévoient le transbordement/transit par les ports marocains». L'ABEF a enjoint aux entreprises algériennes de «s'assurer auprès des opérateurs économiques que le transbordement/transit n'intervient pas par les ports marocains». L'ordre donné a coïncidé avec l'entrée en vigueur, depuis le 1er janvier 2024 dans l'espace de l'Union européenne, du nouveau système de taxation des émissions CO2 pour les navires. En effet, en 2024, 40% de ces émissions sont soumises à une taxation. En 2026, elle passera à 100%. La décision algérienne profite essentiellement aux ports espagnols et provoquera un renchérissement des frais de transport pour les importateurs algériens.